Par René Burlet - Pour nous, gens de Méditerranée, l'histoire du chebec c'est aussi cel­le d'un mythe. Navire insaisissable, entre les mains expertes des corsaires chré­tiens tel Bavastro ou barbaresques, il surgissait, "razziait", et disparaissait. Si l'on ajoute que sa silhouette, aux an­tennes haut dressées et à la forte tontu­re est plaisante à l'œil, on comprendra mieux cet engouement qui le fit utiliser quelquefois bien loin de sa Méditerranée natale. Les Russes eurent des chebecs en mer Noire et en Baltique et les Néerlan­dais en construisirent dans leurs Indes lointaines. Chez nous, il apparaît au milieu du XVIIIe siècle dans la Marine du roi, cons­truit d'ailleurs par des maîtres de hache majorquins, car on ne connaissait rien de ce type de navire à Toulon. Ultérieure­ment, si la course l'employa beaucoup, la marine de guerre le délaissa un peu, et son service se limita à quelques unités. A vrai dire, c'est l'Espagne qui fut le paradis des chebecs et c'est à travers les travaux des chercheurs locaux qu'il convient d'aller le retrouver. Xavier Pastor, Ramon Sampol Isern, Bernat Mar­ch, Laureano Carbonell et bien d'autres encore décryptèrent de vieux documents et c'est grâce à eux que l'on en sait un peu plus.