Par André Péron - Comme toutes les grandes villes, Nantes était au siècle dernier confrontée au délicat problème de l'eau nécessaire au maintien d'une certaine hygiène. Avant la construction à terre d'établissements publics, les femmes du peuple n'avaient d'autre possibilité, pour laver leur linge ou celui de leurs "pratiques", que de louer un banc sur l'un des nombreux bateaux-lavoirs qui encombraient les multiples cours d'eau irriguant la ville. Les propriétaires de ces bateaux-ventouses, qui avaient souvent maille à partir avec les usagers du port, affectionnaient particulièrement les rives de l'Erdre dont l'eau, pourtant polluée par l'abattoir, les tanneries et autres teintureries, avait meilleure réputation que celle de la Loire gâtée par la marée. Dans cet article tiré de son excellent livre récemment paru aux éditions Ressac (1), André Péron fait revivre cette épopée des bateaux-lavoirs nantais et, à travers elle, la vie et le déclin des lavandières de Barbin, le quartier le plus pittoresque de la "Venise de l'Ouest" .