Par Patrick Schnepp - La vase est comme les navigateurs, elle adore les bons abris. Ainsi dans le havre idéal de La Rochelle, l'envasement est en quelque sorte proportionnel à la tranquillité des eaux. Chaque île, chaque digue qui contient les humeurs atlantiques s'avère aussi un véritable piège à vase. Et comme le tonnage des navires augmente constamment au fil des siècles, les Rochelais ne cessent jamais d' en découdre avec cet ennemi insidieux qui, contrariant le trafic maritime, met aussi en péril l'économie de la ville. Cette guerre que nous raconte Patrick Schnepp, conservateur du musée maritime de La Rochelle, a longtemps été inégale : avec des armes dérisoires, l'homme s'attaquait à la vase comme Sisyphe à son rocher. Il faudra attendre la révolution industrielle et l'invention des dragues à vapeur pour que soit enfin maîtrisé l'adversaire. Cet épisode s'achève aujourd'hui-même, alors que la vieille D6, dont Yves Gaubert nous brosse le portrait, vient de prendre sa retraite quatre-vingt-trois ans après sa construction.