A travers l'évocation d'une compagnie maritime normande, cet article brosse le portrait d'un centre de cabotage bien représentatif de l'ensemble des ports fluvio-maritimes qui ont modelé le développement urbain du littoral français. L'histoire de la Société navale caennaise se confond en effet avec celle du port de Caen dont elle a épousé les évolutions pendant un siècle et demi. Née à l'aube de l'industrialisation, son destin suivra celui des entreprises de la région. L'importation du charbon et l'exportation du minerai de fer feront sa fortune, mais la fermeture des derniers hauts fourneaux sonnera sa fin. Evoquer cette compagnie, c'est aussi raconter notre marine marchande. Comme bien d'autres armements français, la Caennaise a dû surfer sur les vagues de l'histoire, renaître des cendres laissées par deux guerres mondiales, changer son fusil d'épaule après la décolonisation, s'unir avec d'autres compagnies pour mieux ferrailler contre la concurrence étrangère, avant de rendre les armes enfin, de guerre lasse.