A Caumont, deux gribanes des carrières de M. Lamy sont échouées sur le grill de carénage. Les travaux d'endiguement de la basse Seine, auxquels participaient
activement les gribanes de M. Lamy, étaient particulièrement éprouvants pour le bordé et plus généralement pour les structures des bateaux. Il fallait souvent
réparer les coques, d'où l'acquisition par M. Lamy d'un grill permettant des interventions sur ses bateaux. Au premier plan, une embarcation de service dont
on peut observer l'aménagement intérieur : c'est la nacelle du Raymond-Louise, gribane construite en 1883 à La Mailleraye, jaugeant 50 tonneaux, patronnée
alors par M. Fessard. On remarquera sur ce bateau les détails du gouvernail, le système de treuil à manivelle, le guindeau permettant la manoeuvre des ancres
et du mât. Il semble que seule cette gribane ait été munie d'un mât rabattable; celui-ci est fixé entre deux jumelles, bloqué par deux tasseaux et s'abat sur
l'arrière. Il est maintenu en position verticale par une cheville munie d'une poignée. On remarquera la coupée d'accès au bateau. Au second plan, le Saint-Louis,
gribane de 57 tonneaux, construite en 1886 également à La Mailleraye. Son gouvernail est différent de celui du Raymond-Louise. Le Saint-Louis a conservé ses
voiles, on distingue le foc affalé sur le pont et la grand voile ferlée sur la bôme et la corne. (Collection D. Goudenhooft).
Par Benoît Morel, Le monde des bateliers de la basse Seine, bien moins connu que celui des pêcheurs, a peu intéressé les érudits normands, folkloristes ou photographes. Le transport de marchandises, sur cet axe de pénétration fluviale, est pourtant une tradition millénaire. Le sauvetage de la dernière gribane, par le Parc naturel de Brotonne, a remis en lumière cette navigation au bornage et au petit cabotage qui s'est pratiquée à la voile en aval de Rouen jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale. Si les derniers acteurs en semblent disparus, quelques témoins demeurent, auprès desquels il a été possible de recueillir la mémoire de ces activités que les sources d'archives et les chroniques historiques permettent, par ailleurs, d'esquisser depuis le Moyen Age.
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Par Maud Lénée-Corrèze - Depuis 2018, la goélette Gallant, ex-harenguier néerlandais de 1916, navigue entre l’Europe et les Antilles l’hiver,... Lire la suite