A quel moment l'idée de ramener en France un grand moliceiro portugais a-t-elle germé ? C'est l'hiver dernier que la décision a été prise, mais l'envie avait dû trotter dans la tête d'Henry Kérisit dès sa première visite dans la lagune d'Aveiro, voici bientôt cinq ans. Peintre lui-même, auteur des dessins d'Ar Vag, Henry Kérisit s'est pris de passion pour ce petit coin du Portugal, où il s'est fait beaucoup d'amis. Outils, éléments de décoration, voiles, espars : il a rassemblé peu à peu les éléments d'une superbe exposition, à laquelle ne manquait plus qu'une coque. Aujourd'hui, l'existence du Musée du Bateau donne un sens à cette entreprise, car le moliceiro mérite d'occuper une place importante dans la collection : dernier bateau de charge à naviguer à la voile en Europe, c'est aussi l'un des ultimes représentants des grandes barques à fond plat utilisées depuis des siècles en milieu lagunaire; enfin l'importance et la qualité exceptionnelle du décor de l'étrave et de la poupe permettent de montrer un remarquable exemple d'art populaire maritime contemporain (voir l'article du Chasse-Marée n° 8, Peintres de moliceiros). Grâce au travail d'enquête et de photographie réalisé sur le terrain par Henry Kérisit, il sera d'ailleurs possible d'envisager une présentation très complète de ce bateau, en relation avec son milieu et ses différentes fonctions (récolte de la molice, transport de joncs, de foin...).
