Ce dossier consacré à la tradition maritime de la Baltique Sud, c'est un peu une révélation ; des types de bateaux à clins superbes, des techniques de pêche peu communes, des paysages marins devenus plus exotiques, pour nous, que ceux du Pacifique ou de l'océan Indien. Mais surtout, une découverte : le mouvement d'étude et de sauvegarde du patrimoine maritime, que l'on croyait limité aux Etats-Unis et à l'Europe de l'Ouest, s'est développé de façon tout à fait parallèle dans cette Europe de l'Est a priori si différente. A Collioure, à Amsterdam, à Stralsund et à Gdansk, c'est, encore et toujours, des individus qu'est venue spontanément l'initiative, et non des institutions. Comme si tout cet enthousiasme désintéressé traduisait une aspiration profonde de l'époque, transcendant les idéologies et les systèmes sociaux : la recherche d'une identité vraie chez les peuples de la vieille Europe. Compte tenu du décalage économique avec l'Ouest, cette prise de conscience intervient en Baltique alors que la tradition est encore bien vivante, ce qui donne beaucoup de force et d'authenticité au mouvement. Celui-ci a pris des voies différentes selon les pays : en Allemagne de l'Est, c'est l'action d'un passionné qui a tout déclenché, une structure d'Etat venant très vite chapeauter l'ensemble. (Un peu comme si les sinagos devenaient, en France, série officielle de la F.F.V D. En Pologne, c'est plutôt l'expression d'une culture régionale, celle des Kachoubes de la région de Gdansk, qui a servi de révélateur. Mais, partout, des recherches de grande qualité, un enthousiasme qui fait chaud au cœur et la possibilité pour tous les amoureux de la mer de lier de vraies amitiés.