Joshua Slocum sera abondamment célébré en 1995, année du centenaire de son départ autour du monde. Pourtant, comparé à sa vie antérieure, cet exploit apparaît presque comme la plus paisible de ses aventures. Car la carrière chaotique de ce capitaine américain fut le combat incessant contre l'adversité. La traîtrise des océans, la violence des mutins, la rouerie des marchands d'hommes, la bêtise des reîtres, la cruauté des épidémies, l'ignominie de la misère... rien ne lui sera épargné. Pas même l'humiliation du chômage qui conduira ce capitaine déçu à s'inventer un nouveau métier : celui de navigateur solitaire. Avant de devenir le circumnavigateur qui allait faire rêver des générations de plaisanciers, Slocum était d'abord un homme de mer tel que le XIXe siècle en produisit beaucoup, et ce serait mal comprendre sa démarche que de considérer isolément sa dernière aventure.