Par Jean-Pierre Guillou - Andrew Campbell - Depuis quelques années, la hausse rapide du prix de l'énergie provoque un regain d'intérêt pour l'utilisation de la voile dans la pêche professionnelle. Souvent inspirées (non sans maladresse) par la technologie de la plaisance, ou par des recherches théoriques d'aérodynamisme, ces tentatives ont eu jusqu'ici peu de succès auprès des marins-pêcheurs. Le Chasse-Marée présente aujourd'hui une expérience toute différente. Dans la rivière de Falmouth, l'usage du moteur a été interdit dès sa généralisation, dans les années 1930, pour éviter la destruction des fonds. Grâce à la volonté unanime des marins, cette limitation a toujours été reconduite depuis. Une pêcherie originale d'huîtres sauvages utilisant des voiliers de type traditionnel continue ainsi de fonctionner de façon satisfaisante, avec une productivité réduite et des frais minimes. Si la force mécanique reste indispensable dans la plupart des pêches pratiquées aujourd'hui, l'expérience de Falmouth donne à réfléchir. Elle montre que la voile au travail n'est pas forcément un esclavage, mais peut être localement une réponse pour échapper au cycle destruction de la ressource - course à la puissance - endettement qui caractérise souvent la pêche côtière artisanale.