Ara Güler a grandi sur les hauteurs de Beyog˘lu, à Istanbul, entre le Bosphore et l’estuaire de la Corne d’Or. Sa carrière de reporter photographe, commencée à vingt-deux ans, l’emmène partout dans le monde, notamment pour l’agence Magnum où il rejoint bientôt ses amis Marc Riboud et Henri Cartier-Bresson. Pourtant, son amour pour la ville où il est né en 1928 et décédé en 2018 n’a cessé de nourrir son œuvre. De retour à son port d’attache, le photographe semble laisser libre cours au hüzün, cette forme de nostalgie bien stambouliote, sans verser dans le pittoresque. «Quand je prends une photo, c’est une image du monde que je porte en moi. La magie de la photographie garde les traces d’un monde qui s’en va, pour ceux qui ne le connaîtront plus jamais. »