Par Laurent Giraudineau - Pour cette ultime campagne sur le banc d'Arguin, l'ambiance n'était pas rose à bord du Notre-Dame de Rocamadour. Faute d'avoir été géré correctement, le stock de langoustes s'épuise en Mauritanie. Et les derniers rescapés de la flottille langoustière bretonne, dont la plupart sont trentenaires, désarment .les uns après les autres sans que soit assurée la relève. Comme le clamait Fernand Raynaud : "ça' eu payé... mais ça paye plus !"A qui en incombe la responsabilité ? Aux pêcheurs bretons qui ont contribué à l'épuisement de la ressource, notamment à l'occasion des campagnes de queues congelées qui avaient lieu pendant la mue ? A la Mauritanie qui brade ses eaux territoriales et tue la poule aux oeufs d'or ? Aux pêcheurs portugais qui, avec leurs trémails meurtriers — théoriquement prohibés — donnent le coup de grâce à une espèce en voie d'extinction ?A la communauté européenne qui ne se donne pas les moyens de faire respecter ses accords ? Mais les pays riches qui ont été les premiers à se servir du gâteau halieutique sont-ils les mieux placés pour jeter la pierre à ceux qui aujourd'hui tentent de se sauver du dénuement en en pillant les miettes ? S'il conduit à se poser toutes ces questions, ce reportage n'a pas la prétention d'y répondre. Son ambition est plutôt de marquer la fin d'une longue histoire, celle de la pêche langoustière hauturière. Mais, qui sait, peut-être est-ce seulement un chapitre qui s'achève... On a vu des espèces réapparaître après quelques années de trêve, et les "seigneurs de la mer" ont déjà surmonté tant de crises !