Par Jean-Pierre Berthomé - La mer offre au cinéma une gamme infinie de décors : eau noire et gluante des docks, calme bucolique des criques sableuses, tragique des tempêtes du grand large — fussent-elles tournées en bassins de studios, à grand renfort de ventilateurs. Pourtant, les cinéastes ont hésité longtemps à s'aventurer en mer. Il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que l'industrie cinématographique naissante leur offre des moyens techniques et financiers à la mesure de leurs ambitions. Le pire côtoiera le meilleur. On verra d'impossibles vaisseaux filer 10 nœuds voiles battantes, et aussi des images superbes. Peut-on, dé s lors, distinguer deux types majeurs : d'un côté la fiction, de l'autre le documentaire qui conserve à jamais les images vraies des gens de mer ? En fait, les grands films naissent souvent d'une double exigence — émotion et vraisemblance — comblant à la fois le marin et le cinéphile. Les rapports entre la mer et le cinéma n'avaient pas été étudiés jusqu'à ce jour. Ecrivain et critique à la revue Positif, Jean-Pierre Berthomé retrace dans cette première partie l'évolution du genre. Un second volet évoquera les conditions de tournage très particulières des scènes maritimes à travers des exemples précis.