Par Jean-François Henry - L'île d'Yeu est probablement, avec Saint-Jean-de-Luz, l'un des plus an­ciens ports de pêche au thon ger­mon de France (1). En effet, les caboteurs qui firent la fortune de l'île du Bas-Poitou aux XVIIe et XVIIIe siècles, profitaient de la relâche de leur activité, l'été, pour pratiquer la pêche au thon. A la fin du XIXe siècle, les chaloupes thonières fu­rent progressivement remplacées par les élégants dundées. En 1913, l'île d'Yeu ar­mait déjà quarante-trois dundées qui l'hi­ ver faisaient la pêche au chalut. Après la guerre 1914-1918, la flottille insulaire connut un nouvel essor. L'armement était désormais concentré pour l'essentiel entre quelques personnes venues pour la plu­ part du continent, tels les Nantais Guil­lon, Hyvert et Caillé, l'armateur Bureau, René Delhumeau, le docteur Dubois, médecin installé à l'île d'Yeu ainsi que son confrère et ami parisien le docteur Grand­ champ, et le vicomte Henri de Novion qui venait en villégiature. Seules deux fa­ milles insulaires pouvaient rivaliser avec ces armateurs venus du continent : les Besnard-Cottenceau et les Renaud. Ainsi ces personnes possédaient environ la moi­ tié des quelque soixante dundées de l'île sans compter les sloups (2).