Un miracle qui se reproduit tous les quatre ans n'est plus un miracle. A force, on finit par trouver presque nor­mal que des milliers de bateaux venus de toute l'Europe se retrouvent à la pointe du Finistère, qu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, une forêt de mâtures à traits carrés ait poussé sur le toit de la criée de Douar­nenez, que le dernier trois-mâts terre-neu­vier français en bois se soit amarré au mur de la Honte, que le Rosmeur ait retrouvé l'animation du temps où la sardine faisait vivre tout un peuple de marins en vareuses et galoches et de femmes en coiffe penn-sar­din promptes à la révolte. Pour un peu, on oublierait qu'à chaque nouvelle édition appa­raissent des bateaux que l'on ne connaissait pas, des répliques ou des unités restaurées qui ne doivent d'exister qu'à l'enthousiasme et à la volonté inébranlable de leurs propriétaires. S'il n'est plus le grand miracle de 1992, ce rassemblement reste en tout cas une formidable collection de petits miracles.