C’est un fameux cargo qui pouvait transporter jusqu’à 200 tonnes de vin par voyage, jusqu’à ce qu’il coule au large de Newport, au pays de Galles. L’histoire n’est pas très récente puisque le naufrage a eu lieu au XVe siècle, mais elle fait parler d’elle depuis que son épave a été mise au jour en 2002 dans la rivière Usk, alors que l’on creusait pour établir les fondations d’un centre d’art en plein cœur de la ville. Plus vieux d’une soixantaine d’années que Mary Rose (CM 271), transformé en musée à Portsmouth, ce navire de 35 mètres de long est le plus complet et le mieux conservé de son genre dans le monde.

Peu après sa découverte, le gouvernement gallois avait annoncé une participation financière de 3,5 millions de livres pour aider à sa préservation, voire à son exposition. Abritées dans un hangar industriel, quelque deux mille pièces de bois ont été récupérées et traitées. Une équipe de bénévoles, réunis au sein des Amis du bateau de Newport, a entrepris de remonter l’épave, en partenariat avec l’université de Swansea. « Rassembler un navire vieux de six cents ans à partir de ses bois d’origine, c’est comme faire un puzzle en 3D avec deux mille cinq cents pièces… mais sans l’image sur la boîte ! », explique Bob Evans, le président des Amis du bateau de Newport.

On sait peu de choses de l’histoire du navire, si ce n’est qu’il faisait le commerce du vin avec le Portugal et la péninsule Ibérique. Il pouvait transporter 50 000 gallons, de quoi remplir deux cent mille de nos bouteilles : « C’était le supertanker du XVe siècle ! », conclut Bob Evans.

La datation des bois de l’épave a établi que les arbres utilisés ont été abattus en 1449 au Pays Basque. L’origine du bateau étant précisée, il n’en fallait pas beaucoup plus pour faire naître dans l’esprit de Xabi Agote, l’animateur de la Faktoria Albaola à Pasaia, au Pays Basque (CM 232 et 295), le grandiose projet de reconstruire le navire de Newport. Déjà l’équipe de la Faktoria s’est rendue dans les forêts où les bois du pinardier ont été coupés voici bientôt six siècles, pour sélectionner les arbres qui serviront à en construire la réplique…

 

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