Né en 1921 à Ploermel, Yves Delfo gagne Nantes pour y suivre les cours de l'Ecole des Beaux-Arts ; de 1936 à 1943 il s'y forme au dessin, à la peinture, à l'aquarelle et à la fresque. Le grand port breton lui offre toute la richesse de sa vie maritime : le passé immédiat des grands voiliers long-courriers, dont les derniers survivants s'envasent à la Martinière, le port industriel du monde moderne à venir - vie foisonnante des grands chantiers, alternance des échafaudages d'acier, des grues gigantesques et de l'estuaire si proche, avec ses étiers bordés de roseaux où s'abritent des flottilles de canots. Dès lors, Yves Delfo devient peintre de l'épopée maritime, et, plus largement, de l'aventure technique, car l'histoire de l'aviation le fascine tout autant. Partout où l'homme tente de maîtriser de fabuleuses machines, Yves Delfo est présent pour témoigner. Sur les terrains d'aviation il devient le pein­tre officiel de l'air. Au fond des mines, il peint les wagonnets de charbon ; dans les docks, l'architecture gigantesque des premiers super-tankers ... Lorsqu'il pré­ sente ses toiles au Musée de la Marine de Paris, souhaitant être admis au sein du cénacle des « peintres de la marine », sa demande est refusée. Il ne la renouvel­lera pas. Sans doute en conçoit-il quel­ que amertume, mais surtout il ne com­ prend pas. Comment peut-on ne pas être peintre de marine quand on peint passionnément la mer ?