Par Jean-Louis Tallec - A son arrivée au Nigéria, le voyageur est souvent impressionné par le nombre de pirogues qui naviguent sur tous les plans d'eau, et par les grandes dimensions de certaines d'entre elles. En suivant l'idée communément admise qu'une pirogue monoxyle est obligatoirement creusée à froid dans la masse d'un tronc, l'observateur s'imagine que des centaines de milliers d'arbres géants de deux à trois mètres de diamètre ont été abattus pour construire ces embarcations, et il entrevoit un massacre de la forêt. Mais la vérité est différente. Et si la forêt pluviale nigérianne est malgré tout menacée, ce n'est pas à cause des bateaux. Car grâce à des procédés particuliers, on sait construire ici des pirogues fort larges à partir de troncs relativement minces. Ainsi s'est développée une immense flottille d'embarcations indispensables à la vie quotidienne des habitants de ce pays de terre et d'eau. Après cette première approche d'archéologie "vivante" qui éclaire l'un des plus vieux moyens de navigation utilisés par l'homme, le Chasse-Marée consacrera bientôt une série d'articles à divers types d'embarcations "primitives" : monoxyles américains et européens, de la préhistoire à nos jours, mais aussi bateaux de roseaux et coracles...