Par Catherine Lopez - Pour une communauté maritime, le fait d'organiser ses propres fêtes sur l'eau est sans doute le signe de sa vitalité, le symbole de la conscience qu'elle a d'elle-même. Dans certains ports, comme à Audierne, la volonté de relance des professionnels les conduit à recréer de toutes pièces des fêtes anciennes (1983). Ailleurs, ce sont les jeunes passionnés des bateaux traditionnels qui ont uni leurs efforts à ceux des pêcheurs. En Méditerranée, et notamment à Sète, cette coutume ne s'est jamais perdue ; c'est le cœur de la fête, la joute nautique, qui y reste le plus populaire. Si la tradition des joutes est à l'évidence bien antérieure à la création de Sète (à la fin du XVIIe siècle), sa codification est d'emblée très précise dans cette ville neuve dépourvue de traditions non-écrites anciennes. Grâce à la riche documentation disponible, Catherine Lopez a pu étudier minutieusement les implications sociales, le rituel et la technique de la joute : une fête essentiellement maritime, structurée et contrôlée par les classes d'âges, d'où les femmes sont exclues, et qui fournit un exutoire ritualisé aux agressivités, tout en échappant totalement au contrôle de l'Eglise. Le Chasse-Marée devra étendre cette passionnante enquête d'ethno-histoire à l'ensemble des joutes nautiques françaises, qui semblent surtout avoir été pratiquées en milieu fluvial et sur nos côtes du Midi.