Par François Beaudouin - Il est difficile d'imaginer aujourd'hui que la Loire a été le cours d'eau le plus navigué de notre pays et qu'elle a porté une grosse batellerie, lorsqu'aux mois d'été elle offre à nos yeux un fleuve de sable et un désert humain. Comment cette merveilleuse coulée de nature sauvage a-t-elle pu être le principal axe économique de notre pays pendant des siècles? Il est vrai que les exemples actuels de navigation intérieure batellerie industrielle naviguant exclusivement en milieu artificiel, rivières canalisées et canaux ne ressemblent en rien aux anciennes batelleries fluviales dont la caractéristique essentielle était de s'adapter aux conditions naturelles des cours d'eau. Pour trouver un équivalent, il faut se tourner vers les dernières batelleries exotiques d'Afrique ou d'Asie. D'innombrables documents attestent l'importance de cette Marine, mais mieux qu'eux, les villes et les cultures, les châteaux et les industries, cet immense patrimoine qui s'est lentement constitué, en étroite relation avec la navigation fluviale. Plus que partout ailleurs en Europe, le Val-de-Loire nous offre l'image d'une civilisation née d'un fleuve. Le chaland de Loire est l'outil principal de cette batellerie. C'est l'une des embarcations les plus intéressantes d'Europe sur le plan technique, ethnographique et archéologique. François Beaudouin, l'auteur de Bateaux des Fleuves de France, nous livre aujourd'hui une étude exemplaire, fruit de vingt ans de recherches.