Texte de Virginie de Rocquigny et dessins de Carole Conan – En 2013, le paquebot brise-glace Lyubov Orlova disparaissait dans l’Atlantique nord lors de son dernier voyage pour la casse. Il n’a plus jamais refait surface. Sa destinée illustre les limites du droit international sur la protection des océans.

Le 21 janvier 2013, un curieux convoi quitte le port de St John’s, sur l’île de Terre-Neuve. À l’avant, le Charlene Hunt, un remorqueur de plus de cinquante ans, qui a tout d’une épave flottante. Battant pavillon américain, il n’a quasiment pas navigué depuis deux ans et son voyage de Rhode Island à St John’s a été épique, les avaries se succédant. Trois mois plus tôt, un expert maritime bolivien l’a déclaré en état d’innavigabilité...

Le Charlene Hunt part pourtant pour un voyage de 1 800 milles, direction la République dominicaine, avec une météo très mauvaise : des avis de coups de vent et d’embruns verglaçants ont été émis. Le remorqueur traîne derrière lui un paquebot brise-glace de 90 mètres de long,
le Lyubov Orlova, pour son dernier voyage. Le navire part à la casse, au grand soulagement des autorités portuaires locales et du ministère canadien des Transports : le Lyubov Orlova a passé plus de deux ans à quai au port de St John’s.

À une vitesse moyenne de 4 nœuds, le voyage du Charlene Hunt et du Lyubov Orlova jusqu’à la République dominicaine devrait durer une vingtaine de jours.