Par Gilles Mulot - Comme trop souvent, il faisait froid et humide en cette soirée du 17 novembre 1905, sur le quai de Southampton. La nuit était venue de bonne heure, le brouillard épais qui enveloppait le port depuis la fin d'après-midi, avait fait obstacle aux rayons du soleil par trop discrets en cette saison. Un grand vapeur, dont les treuils grinçants fumaient dans la lumière diffuse des lampes de pont, achevait de débarquer sa pontée de bois. Plus loin, un navire était tout éclairé, on devinait ses chaudières sous pression, le départ semblait imminent. Un gréement de goélette lui donnait une allure de « mixte », mais l'absence de voiles ferlées et, lorsque l'on y regardait de plus près, d'accastillage indispensable aux manœuvres d'un voilier, laissait supposer que là encore la machine avait supplanté le vent depuis longtemps.