Le 19 juillet 1545, lors de la bataille du Solent opposant la France à l’Angleterre, la Mary Rose, une caraque de 700 tonnes, sombre sous les yeux de Henri VIII.  Elle va reposer dans la vase pendant 437 ans, avant d’être récupérée en 1982, puis exposée. (CM 271)

Son étude sera une occasion unique de mieux connaître la société du XVI° siècle, les objets retrouvés dans l’épave concernant des domaines aussi variés que l’habillement, les instruments de musique, les instruments de navigation…

Cette opération de sauvetage fut l’une des plus complexes et les plus couteuses de l’histoire de l’archéologie. Pourtant, 40 ans après, il semblerait que la caraque préférée de Henri VIII ne soit pas encore tirée d’affaire… Dans un article publié en octobre 2021 dans le journal Matter, des scientifiques ont découvert qu’une bactérie a laissé dans le bois des nanoparticules de sulfure de zinc. Au contact de l’air, ces nanoparticules s’oxydent et forment de l’acide sulfurique, endommageant l’épave de manière irrémédiable.

Et ce n’est malheureusement pas là le seul problème. Durant les quarante années qui ont suivi sa récupération, la Mary Rose a été bichonnée. Aspergée tout d’abord par de l’eau douce filtrée conservée à une température de 5° degrés, on l’a ensuite saturée de polyéthylène glycol (PEG), un produit ressemblant à la cire. Sauf que… les scientifiques ont découvert depuis que le PEG, lorsqu’il se décompose, acidifie le bois, contribuant un peu plus à la détérioration du bateau.

Les soucis de la caraque d’Henri VIII intéresseront les laboratoires travaillant dans la restauration de vestiges relevés par les archéologues.

Pour en savoir plus, lisez l’article que nous venons de consacrer à Arc’ Antique, l’un de ces laboratoires, situé à Nantes : ici

Sources

https://www.cell.com/matter/fulltext/S2590-2385(21)00498-7

A lire

Mary Rose, autopsie d’une NEF anglaise, article publié dans le Chasse-Marée n° 271 en en Septembre 2015.

Par Erwan Chartier-Le-Floch – Depuis quelques mois, à Portsmouth, un musée futuriste sert d’écrin à la Mary Rose, une nef du début du XVIe siècle dont l’épave engluée dans les vases du Solent a été mise au jour en 1982. Ce véritable trésor archéologique constitue un extraordinaire témoignage sur les marines européennes de la Renaissance.

Arc’Antique fait parler les canons engloutis, article publié dans le Chasse-Marée n°324, publié en décembre 2021

Par Jacques van Geen  – Au sein du laboratoire Arc’Antique, à Nantes, sont traitées les plus grandes pièces métalliques relevées des épaves englouties. Pendant Des mois, parfois des années, canons, ancres et autres cloches baignent ici dans de grands bacs remplis d’électrolytes à la surface desquels une bulle, ici ou là, éclate de temps à autre… Ces objets aussi massifs que précieux sont ici restaurés pour être présentés au public. Gilles Baron, responsable du patrimoine sous-marin, a bien voulu nous guider dans ses ateliers.