C’est par l’entremise d’un fidèle lecteur du Chasse-Marée que le musée de la Batellerie de Conflans-Sainte-Honorine vient de recevoir le don d’un… chasse-canard ! Pierre Le Floc’h nous ayant en effet informé que deux étranges spécimens de canots achevaient une vie dolente chez son fils à Redon, nous le mîmes en relation avec François Casalis, fervent défenseur du canotage. Une rencontre s’organisa au chevet desdites embarcations, d’où le second conclut qu’il s’agissait de canots à pédales, très en vogue à la fin du Second Empire pour chasser le gibier d’eau. Leur présence à Redon, pays de marais, n’était pas due au hasard.

Et le féru de canotage de nous éclairer : « Si l’hydrocycle (CM 268) est une bicyclette, c’est-à-dire un cadre avec un pédalier et un guidon, installé sur des flotteurs, le canot vélocipède, dont ce type de chasse-canard est une variante, est un engin dont la propulsion est assurée par une hélice mise en mouvement par un pédalier équipé d’un renvoi d’angle. » CQFD. Notre expert en canotage n’étant pas chasseur, il ne dispose pas, en revanche, d’informations de première main sur est par l’entremise d’un fidèle lecteur du Chasse-Marée que le la technique utilisée pour « mitrailler » les canards, mais il évoque une arme de l’époque, la « canardière », dont l’énorme canon affichait sans détour l’intention d’arroser de plombs les malheureux volatiles.

François Casalis décrit le chasse-canard de MM. Seguin et Jacquet, construit par Dossunet de Joinville-le-Pont : « L’embarcation, du type canoë français (CM 303), est pontée à l’avant et à l’arrière. Elle pèse 120 kilogrammes, mesure 5,65 mètres sur 1,10 mètre de large, avec un creux de 30 centimètres. Le système de propulsion est constitué d’un volant d’inertie équipé de pédales, qui entraîne l’hélice par une courroie, et fait aussi fonction de gouvernail. »

L’affaire aurait pu en rester à un échange savant si le sieur Casalis n’avait pas mis son ami Laurent Roblin, conservateur du musée de la Batellerie, dans la confidence, alors qu’il préparait une exposition sur les hydrocycles : l’un des chasse-canards de M. Le Floc’h y sera exposé ce printemps, avant d’être rendu à son propriétaire, tandis que le second, en moins bon état, entrera dans les collections du musée. Voilà une histoire comme on aimerait en lire plus souvent…

 

Exposition « Pédaler sur l’eau », au musée de la Batellerie, du 13 mai au 15 juillet prochains.

Crédit photo : © COLLECTION FRANÇOIS CASALIS