Je souhaiterais préciser quelques éléments à propos d’une question posée à Emmanuel de Oliveira dans l’entretien du Chasse-Marée 346, où le terme de « supplétifs » m’a été attribué.

J’ai effectivement utilisé cette expression, mais il y a plus de quatre ans, en 2021 – elle a d’ailleurs été reprise dans un courrier du Chasse-Marée 322. Cependant, je voudrais ici la préciser, et apporter une nuance.

Depuis 2019, les cinq stations de sauvetage en mer snsm des Hauts-de-France ont dû faire face à l’augmentation dramatique des naufrages d’exilés sur des embarcations improbables mises à leur disposition par des réseaux de passeurs criminels. 

Nous avions alors communiqué à nos autorités de tutelle que nos moyens humains et matériels étaient au bord de la rupture et que nous nous trouvions bien seuls pour faire face à une crise humanitaire dont nous pressentions l’augmentation vertigineuse. Celle-ci se poursuit en 2025. Quand j’ai employé dans ces circonstances le mot « supplétifs » , c’était dans le cadre du Sauvetage de la Vie Humaine en Mer.

Ainsi que l’indique notre président national, nous ne faisons pas de lutte contre l’immigration clandestine, ni escorte, ni sécurisation des embarcations d’exilés. Notre engagement bénévole est de faire le maximum pour sauver les vies qui risquent de se perdre en mer. Le bénévolat veut dire aussi que tous les membres des stations ont des métiers, des familles et que le temps donné aux missions est forcément compté.

Face à l’évolution du nombre des tentatives de traversées, à l’augmentation de la taille des embarcations utilisées et du nombre de personnes à bord, nous avons mis au point, dans le Nord-Pas-de-Calais, des techniques adaptées à nos moyens pour effectuer du sauvetage de masse, techniques désormais utilisées par tous les intervenants.

Nos équipages, femmes et hommes, sont bien formés et nos moyens nautiques bien entretenus pour faire face à l’usure du temps. Nos stations doivent également trouver les moyens financiers pour l’entretien et le fonctionnement. Nous intervenons rapidement et efficacement, sur les lieux d’accident en mer, ce que je compare à l’action du personnel et des véhicules du smur ou des vsav des sapeurs pompiers, en attendant l’arrivée des moyens plus lents et plus lourds des administrations de l’état.

Alain Ledaguenel, président de la station de sauvetage de Dunkerque