Par Francois-Jean Daehn - Longtemps, j'ai rêvé de grands bateaux. J'en ai eu, et la chance m'a été donnée de naviguer sur quelques-uns des plus beaux et des plus grands yachts du monde. Et puis un jour, j'ai lu Smaller is Better, le livre du philosophe coréen 0-Young Lee, et ça a été le déclic. Cet amour des grands bateaux, cette obsession du fameux "mètre de plus" qui ronge le plaisancier, j'ai soudain pris conscience que c'était ridicule, aliénant, qu'il fallait s'en libérer et que pour faire du rase-cailloux sans abîmer le paysage le long des côtes du Morbihan, l'idéal, c'était... mais oui, un petit canot breton. Ce bateau, j'en avais la silhouette gravée au fond de ma mémoire depuis l'enfance. Il ressemblerait à ceux devant lesquels je restais des heures, étudiant minutieusement chacun de leurs détails, de l'étrave à la voûte, quand j'avais dix ans à Binic ou Saint-Quay-Portrieux. Il mesurerait six mètres, pas plus, aurait un gréement traditionnel et serait, bien sûr, en bois.