Par Michel Duédal - Sa légèreté, sa maniabilité, ses formes simples propices à l'empilement ont fait du doris l'outil principal de la pêche aux Bancs. Et comme ces bateaux ne durent guère plus de deux campagnes, on imagine à quelle cadence les chantiers ont dû les construire. Ces embarcations standardisées mises à leur disposition par les armateurs, les Terre-Neuvas vont pourtant se les approprier, en y imprimant la marque de leur personnalité, voire de leur fantaisie. "Le Chasse-Marée" a déjà évoqué les différents gréements conçus par les dorissiers en fonction de leur port d'attache ou de leurs compétences manœuvrières (cf numéro 4). Michel Duédal prolonge ce propos. Son article, nourri de nombreux entretiens avec les anciens dorissiers originaires de la région malouine décrit par le menu toutes les techniques utilisées pour préparer les engins de pêche et améliorer les embarcations. Avec des matériaux simples sélectionnés à terre ou récupérés à bord des morutiers, le dorissier met à profit la "banquaison" pour transformer son canot "de série" en un voilier efficace et bien adapté dont dépendra sa pêche, sa fatigue et parfois sa vie. Ni l'iconographie, ni les documents d'archives n'auraient permis de rendre compte. de ce savoir-faire. Seule l'enquête de terrain pouvait en témoigner.