[COURRIER DE LECTEUR]  L’interview publiée dans le dernier numéro du Chasse-Marée à propos de la démolition des grands navires de commerce m’a fait penser à quelques initiatives pour donner une seconde vie aux bateaux et les valoriser tout en les dépolluant. En France, on pense évidemment au chantier Bathô, fondé en 2018, qui aménage d’anciens bateaux de plaisance, principalement, en bureaux ou en logements à terre. Mais j’ai récemment entendu parler d’un quartier à Amsterdam, De Ceuvel, construit en lieu et place de l’ancien chantier naval Ceuvel-Volharding. L’endroit avait fait l’objet en 2012 d’un appel à projets pour le réhabiliter et, surtout, le dépolluer. D’anciennes péniches ou maisons flottantes y ont été recyclées pour accueillir des entreprises, des artistes, des logements
touristiques et un café, tous ces bâtiments étant reliés à des systèmes de récupération et de filtrage des eaux usées, de cultures en aquaponie, de compostage des déchets… Ces deux exemples, quoiqu’intéressants, ne concernent que de petits bateaux. Peut-on faire la même chose avec les coques de quelques centaines de mètres de long ? En fouillant un peu le sujet, j’ai vu qu’en Corée du Sud, l’avant d’un cargo a été découpé et restauré par le cabinet d’architecture Shinslab, pour en faire un espace ouvert au public à l’entrée du Musée national d’art moderne et contemporain de Séoul.

Et si nous faisions pareil chez nous, plutôt que d’envoyer systématiquement nos vieilles coques en démolition en Asie du Sud-Est ? De grands bateaux retournés – probablement d’abord découpés en tronçons puis réassemblés sur place – ne pourraient-ils devenir des hangars, voire des habitations ?
Alice Chaumet

 

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La déconstruction des navires, article publié dans le Chasse-Marée n°323, en octobre 2021. 

Entretien avec Jacky Bonnemains – Le bulletin d’informations de l’association de défense de l’homme et de l’environnement Robin des bois « À la casse » rappelle à chaque livraison que les cargos des armateurs occidentaux se font démolir dans le sous-continent indien, sur les plages d’Alang, en Inde, de Gadani, au Pakistan et de Chattogram, au Bangladesh. Les conditions de travail, autant pour les ouvriers que pour l’environnement, y sont particulièrement mauvaises, les navires étant souvent confiés aux chantiers sans avoir été au préalable inertés et nettoyés de tous les matériaux potentiellement dangereux.