Lorenzo Costantini

Sur les rives sud de la mer Caspienne, près de la ville de Zaghemarz dans la province de Mazandéran, en Iran, une épave de navire en bois a été découverte en 2024. Dissimulée sous une dune de sable, les vestiges ont été révélés par l’érosion liée à l’élévation du niveau de la mer. Des chercheurs de l’Association internationale des études méditerranéennes et orientales, basée en Italie, et de la faculté d’Archéologie sous-marine de Téhéran, ont mis en place deux campagnes de fouilles.
Les analyses de carbone 14 sur des échantillons de bois du navire montrent qu’il a été construit entre 1762 et 1808. Des éléments structurels ont permis d’identifier un trois-mâts de 28 mètres de long et 8 mètres de large, avec une coque en pin sylvestre, épicéa et mélèze, provenant probablement du bassin de la Volga ou du Caucase. L’étude des techniques de construction suggère une origine russe.
Les archéologues iraniens ont aussi découvert des restes de six familles de plantes, comme le sarrasin (Fagopyrum esculentum), dont les graines ont été retrouvées dans des paniers en osier ; elles viennent de régions cultivées près de la Volga ou du Caucase, et les mauvaises herbes associées, telles que le chénopode (Chenopodium album), indiquent des pratiques agricoles locales. Ces restes pourraient faire partie du fret, à moins qu’ils n’aient été destinés à l’alimentation des marins.
Cette découverte apporte des informations sur le commerce et la navigation en mer Caspienne au XVIIIe siècle, et offre un aperçu précieux des interactions économiques entre des régions voisines sous influence russe. Iness Bernier

Publié dans Le Chasse-Marée 345, juin-juillet 2025
© Lorenzo Costantini