Gilles Martin-Raget

Dans la famille Pen Duick (« tête noire », qui désigne les mésanges charbonnières en breton), les deuxième, troisième et sixième du nom viennent d’être protégés au titre des Monuments historiques, un classement qui souligne le rôle essentiel d’Éric Tabarly dans l’innovation mise au service de ses voiliers ou des performances accomplies à leur barre.

C’est avec Pen Duick II que le skipper s’est fait connaître dans le monde entier en remportant la Transat anglaise en 1964 ; en 1967, il lance le premier grand voilier en aluminium, Pen Duick III, qui remporte, entre autres, la Sydney-Hobart la même année. Pen Duick vi, un ketch en aluminium de 22 mètres mis à l’eau en 1973, court la Whitbread et la Transat anglaise avec Éric Tabarly… et, l’an dernier, l’Ocean Globe Race avec sa fille, Marie.

Le premier Pen Duick, le plan Fife de 1898 – sur lequel le skipper a trouvé la mort en 1998 –, navigue toujours et Pen Duick V (coque aluminium, lancée en 1968) est déjà protégé, car il appartient aux collections du musée national de la Marine ; cela ne l’empêche aucunement de naviguer, puisqu’il est confié à l’association Éric Tabarly, qui gère quatre Pen Duick, sous conventions avec différents propriétaires.

Cette reconnaissance des Monuments historiques pour des voiliers de course au large, qui naviguent tous, marque leur passage au statut de « patrimoine » nautique. Elle est aussi le gage qu’ils continueront encore longtemps à transmettre l’œuvre de celui qui y a attaché à jamais son nom, ses idées et un palmarès exceptionnel. N. C.

Publié dans Le Chasse-Marée 345, juin-juillet 2025

Photo © Gilles Martin-Raget