La rituelle présentation annuelle par l’Ifremer de son « bilan de l’état des populations de poissons en France métropolitaine » permet de constater que l’effort continue de payer : cette fois, ce sont 52 pour cent du volume des stocks débarqués qui sont considérés comme pêchées durablement – contre, rappelons-le, 47 pour cent en 2020. Certaines espèces considérées auparavant comme surpêchées sont désormais classées sous l’enviable statut de « bon état », notamment le merlu d’Atlantique Nord, la cardine de la zone mer Celtique-golfe de Gascogne, l’églefin de la mer Celtique et le buccin de la Manche-Ouest. Le chinchard d’Atlantique Nord-Est, « effondré » l’an dernier, est aujourd’hui dit « reconstituable ». Autre note positive : le stock de thon rouge poursuit sa reconstitution, « conséquence d’une combinaison de décisions de gestion adaptées et respectées », précisent les scientifiques.

Mais ce tableau encourageant doit être nuancé pour quelques espèces qui ont subi une rétrogradation plutôt inquiétante : le lieu noir de la zone mer du Nord-Ouest-Écosse n’est plus seulement « surpêché » mais aussi « dégradé », c’est-à-dire que les scientifiques considèrent que la biomasse des reproducteurs n’est plus suffisante pour assurer la pérennité de l’espèce, qui subit une pression de pêche encore trop importante. La sardine du golfe de Gascogne est aussi passée au statut de stock « effondré », semble-t-il pour les mêmes raisons écologiques que celles de Méditerranée. On compte encore 10 pour cent de poissons débarqués issus de stocks effondrés, notamment le merlu en Méditerranée et le cabillaud en mer du Nord et mer Celtique, et la surpêche touche encore 11 pour cent des populations – ce chiffre est en augmentation, à cause notamment de la sardine.

« Ce bilan montre, malgré la nette amélioration, que l’objectif de la politique commune des pêches de l’Union européenne – atteindre 100 pour cent de poissons débarqués issus de stocks en “bon état” – est encore loin d’être atteint », concluent les chercheurs.

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