
Amateurs de patrimoine maritime, d’architecture navale, de plaisance traditionnelle, d’histoire locale… ce livre vous ravira ! On le doit à Loick Mével qui le consacre à son père, François, célèbre constructeur de Carantec, dont le nom est devenu celui d’un style. Un « Mével » se reconnaît entre mille, preuve de la qualité du geste de son concepteur, de son talent aussi, tant nombre de ses bateaux ont brillé en régate, ou donné du plaisir en balade… sans compter les dizaines de Mével restaurés qui naviguent toujours.
Loick Mével nous plonge dans l’histoire de la construction navale en baie de Morlaix au XXe siècle. Kerenfors bien sûr, les Sibiril, mais aussi Moguérou, où François Mével fait son apprentissage aux côtés des Jézéquel avant que le succès de son 4,50 mètres Marie-Louise, futur Cormoran n° 16, ne l’amène à créer son chantier en 1933. Chapitre après chapitre, on découvre sa production, les Cormoran, les canots à misaine, les petits cotres de pêche… Fait prisonnier par les Allemands en 1940, François est libéré en 1943 : Robert Léon, pour avoir sauvé un soldat ennemi de la noyade en 1942, se voit proposer une récompense pécuniaire ou une libération. Il choisira de rendre la liberté au mari de sa voisine, père de deux petites filles.
L’auteur parle peu du langoustier Gwalarm qui aurait été un échec économique, mais nous fait découvrir la création du Calculot souhaité par Malo Bugault de Saint-Briac, et les « cotres de plaisance », l’occasion de saluer l’investissement de Marine Baud, propriétaire de l’As de Cœur depuis un quart de siècle, un Mével qu’elle a restauré et sublimé, tout en creusant l’histoire de cette série et de son créateur. Le témoignage est d’ailleurs une grande qualité de ce livre qui donne largement la parole aux amoureux des Mével. Autant de récits qui rendent un très bel hommage au concepteur-charpentier, décédé dans l’exercice de son métier à seulement 48 ans. G. J.
Chez Louise, 148 p., 29 €
Critique publiée dans le Chasse-Marée 346 – Août-Septembre