
« Sachez, au seuil de ce musée, que ne figurent ici que les autres, les navires irréels les plus purs, les plus incroyables, et souvent les plus incongrus. » Le « musée » dont nous parlons ici n’est autre que le nouveau beau livre de Glénat, signé Jacques van Geen à la plume enlevée et colorée, et Philippe Laborde à la mise en page. Tous deux anciens collaborateurs du Chasse-Marée, ils nous présentent ici des navires, loin de ceux dont nous avons pour habitude de voir en ces pages. Ceux-là sont « incongrus », imaginaires, et défient parfois toutes les lois de la nature. Au-delà de la découverte de ces objets étonnants, c’est une véritable plongée dans l’histoire maritime et humaine mondiale que nous offre ce livre. Les navires y sont tantôt embarcations divines, tantôt moyens de fuir une condition désespérée ou les affres météorologiques, tantôt témoins de l’ingéniosité ou de l’hubris humaine. Point de récit chronologique, le bateau autonome côtoyant sans problème le Hringhroni, barque sur laquelle le dieu scandinave Baldr fit son dernier voyage dans l’Edda de Snorri Sturlusson. Si le classement répond à une logique pas toujours évidente, on n’en tiendra pas rigueur, tellement ce catalogue non exhaustif de navires mythologiques, ultratechnologiques, ou complètement ratés d’un point de vue architectural, nous fait voyager et nous surprend par la somme de connaissances sur les civilisations liées de près ou de loin à la mer qu’il nous apporte. Ce, l’air de rien. M. L.-C.
Glénat, 160 pages, 30 €
Publié dans Le Chasse-Marée 348 – Décembre 2025-janvier 2026

