Philippe Hercher

Le navire polaire Manguier s’est mis au plain le 13 décembre dernier. Parti de France en 2009 pour le passage du Nord-Ouest, cet ancien remorqueur de rade de la Marine nationale croisait depuis cette date dans les eaux polaires avec son capitaine, Philippe Hercher (CM 221). Il accueillait aussi des artistes en résidence au Groenland.

Depuis deux ans, le Manguier était au mouillage dans la baie abritée de Qammavinguaq, à l’ouest du Groenland. « L’hiver précédent, il y a eu des vents assez forts mais tout s’est bien passé, raconte Philippe Hercher. Il était empennelé sur deux ancres de 200 kilos chacune, avec 60 mètres de chaîne. » Le 13 décembre, il n’y avait personne à bord car, depuis un an, les résidences d’artistes n’avaient plus lieu sur le Manguier l’hiver mais dans la maison culturelle du village d’Akunnaaq.

Dans une violente tempête, le bateau a chassé, traversé la baie à la dérive et s’est échoué sur un petit haut-fond. « Il n’y avait pas encore de glace, explique le capitaine. Quand la marée a baissé, le bateau s’est couché sur le côté. L’eau est entrée par toutes les écoutilles. Fin décembre, la glace est arrivée, elle a tout figé. »

Aucune compagnie n’ayant voulu assurer l’ancien remorqueur, le capitaine a lancé un appel aux dons pour financer le renflouement du navire sur le site Internet du Manguier. Les opérations pourraient se dérouler lors de la première grande marée du printemps, du 25 au 28 mai, après la débâcle. Et ensuite ? Le navire « ne sera pas réutilisable, sauf à investir une somme colossale. J’envisage d’en faire un bateau-musée ou un lieu pour des événements », explique son capitaine. A. T.

Publié dans Le Chasse-Marée 344 – Avril-Mai 2025