
La Savoie, une barque labellisée en 2011, est la réplique d’un navire de charge du Léman, construit en 1896 au chantier de La Belotte, près de Genève, et démoli en 1945. Armée par une association dynamique, elle fête ses vingt-cinq ans et sillonne, au départ d’Évian, le Léman, un plan d’eau capricieux, et parfois même dangereux. Elle ravive aux côtés de la barque Neptune et du brick Vaudoise le souvenir des navires à voiles latines qui transportaient au xixe siècle des pierres des carrières de Meillerie et Saint-Gingolph.
Ces barques et ces bricks du Léman – dont seule la capacité de charge diffère, les bricks pouvant emporter 30 à 60 tonnes et les barques jusqu’à 180 tonnes – sont dotés d’un fond plat, d’un pont dégagé, sans superstructures pour le chargement, d’un foc et de deux imposantes voiles latines. La Savoie, longue de 35 mètres et large de 8,50 mètres (et portant 350 mètres carrés de voilure), compte parmi les plus grandes barques jamais construites sur le Léman, sa capacité d’emport étant de 180 tonnes. Sa réplique a été construite de 1997 à 2000, d’abord par le chantier Servoz, basé à Maxilly-sur-Léman (France), puis par le chantier du Guip, après la faillite du premier.
Tous bénévoles, patrons et matelots
L’association embarque à bord des passagers payants. Tous les dimanches de fin à avril à mi-octobre, elle propose des sorties pour faire découvrir le patrimoine lacustre. Les autres jours, entreprises ou particuliers peuvent louer la barque pour des événements privés. « Nous organisons aussi des sorties spéciales, des navigations à la journée à la découverte des différentes parties du lac, en plus de soirées musicales », précise Alexandre Pierlot, le président de l’association La Savoie.
Chaque année, les bénévoles sont invités pour une longue journée de navigation. La barque peut accueillir entre cinquante et soixante-quinze passagers, selon qu’elle marche à la voile ou au moteur, avec neuf à sept membres d’équipage. « Nous sommes tous bénévoles, patrons comme matelots », ajoute Alexandre Pierlot, qui veille sur une centaine d’adhérents.
Pour le gros œuvre, l’équipe s’appuie sur le chantier Bernard, basé à Saint-Vaast-la-Hougue, depuis le premier chantier de restauration en 2014. « Les charpentiers sont venus sur place et ont remplacé les bordages de mélèze et la quille de sapin blanc par des pièces en iroko », explique Alexandre Pierlot. Les mâts ont aussi été changés il y a huit ans par deux pièces en lamellé-collé, de même que les antennes, il y a six ans, débitées dans des épicéas locaux, fournis par la mairie de Montriond. De nouveaux travaux ont eu lieu sur la coque l’an dernier. « Ils nous ont permis de constater des points de pourriture au niveau de la rode (étrave) et de la quille ».
Un nouveau chantier est programmé pour 2026, à condition que l’association rassemble les 600 000 euros nécessaires. Une souscription est en ligne sur le site de la fondation du Patrimoine. M. L.-C.
Publié dans Le Chasse-Marée 344 – Avril-Mai 2025