
En 2009, L’Hydroptère établissait un record de vitesse à la voile, jamais dépassé depuis : 51,36 nœuds sur 500 mètres ! Imaginé par Éric Tabarly et Alain Thébault dans le but de voler sur l’eau pour aller vite, très vite, le trimaran avait été lancé en 1994 à Saint-Nazaire, avant de sombrer dans l’oubli vingt ans plus tard. Mis aux enchères à Hawaï en 2019, il a été acquis par deux passionnés de voile et de technologie, le Français Gabriel Terrasse, et l’Américain Chris Welsh. « Il n’y avait que nous à la vente, raconte Gabriel Terrasse. Le bateau avait été pillé, mais la coque et les foils étaient en bon état. »
Le bateau est arrivé à Nantes en mars 2023, après quatre ans passés à rechercher des financements. Les travaux ont aussitôt débuté avec la rénovation de la coque en carbone et le remplacement des écrous en acier, rouillés, par des pièces en titane, grâce au soutien du partenaire principal, un avionneur.
L’heure est désormais à la recherche des pièces d’accastillage et d’un nouveau gréement. La plupart des matériaux utilisés dans le chantier sont issus de la « récupération, précise Gabriel Terrasse. Ce sont des dons d’entreprises, dont certaines ont aussi été en relation à l’époque avec L’Hydroptère. »
En effet, si l’idée de ce navire vient d’Éric Tabarly, celui-ci s’est associé très vite avec des industriels français pour mener à bien son projet : Dassault, la DCN (Naval Group), les Chantiers de l’Atlantique ou encore le cnes… En 2004, Airbus a contribué à consolider ce voilier jusqu’alors fragile en fabriquant des bras de liaison en carbone – comme ceux d’un A340 –, toujours à poste, ou des foils en carbone et titane. Le 9 février 2005, il a traversé la Manche entre Calais et Douvres en 34 minutes et 24 secondes, puis, en 2008, il a atteint 50,17 nœuds, avec une pointe à 55,5 nœuds.
Même s’il reste encore des travaux à faire, le propriétaire de L’Hydroptère est optimiste : il espère remettre à l’eau le trimaran dans le courant de l’année, afin de « le faire voler à nouveau, mais pas pour battre des records ». Il souhaite lui offrir une nouvelle vie consacrée « à l’innovation, en proposant à des industriels un support pour tester des matériaux ou des systèmes de navigations ». En attendant, l’entreprise recherche de l’argent pour terminer le chantier, notamment grâce à un financement participatif en ligne. M. L.-C.
Publié dans Le Chasse-Marée 343, février- mars 2025.