L’entreprise française Farwind Energy, fondée l’an dernier par des chercheurs de l’École Centrale de Nantes, invente le « voilier-hydrolienne » de haute mer.

Alors que l’installation des premiers parcs éoliens en mer au large des côtes françaises suscite quelques remous, la société nantaise Farwind Energy a au moins trouvé le moyen d’éviter la polémique sur l’empreinte écologique des structures pérennes en béton : il s’agit « tout simplement » de fabriquer de l’électricité en naviguant à bord d’un « voilier-hydrolienne ».

Le Chasse-Marée a publié un article sur les éolienne en mer dans le numéro 321, juin 2021 : Entretien avec Sylvain Roche docteur en sciences économiques et enseignant chercheur à Sciences Po Bordeaux.

Il fallait y penser, Félix Gorintin (ancien de l’École centrale de Paris), Arnaud Poitou et Aurélien Babarit (tous deux chercheurs à l’École centrale de Nantes) ont imaginé un navire en acier, long de 80 mètres sur 25 mètres de large, qui devrait se porter à la rencontre des meilleurs gisements de vent, en haute mer, propulsés par ses quatre rotors Flettner. Deux hydroliennes permettront de convertir en électricité l’énergie générée par la vitesse du voilier : à 20 nœuds, les concepteurs tablent sur un rendement qui pourrait atteindre 40 MWh.

Dix à vingt pour cent de l’électricité produite servirait à entraîner les rotors, le reste étant stocké dans quelque deux cents batteries qui pourront être débarquées tous les jours, par exemple sur des îles, où l’acheminement énergétique est compliqué. Selon les concepteurs, l’électricité générée par les hydroliennes pourrait aussi produire à bord du carburant vert, comme l’hydrogène (environ 800 kilogrammes sur une semaine), servant lui-même à fabriquer du méthanol à l’aide de CO2 embarqué. Cette centrale électrique navigante est censée être autonome, mais il est prévu qu’une équipe de contrôle, embarquée sur un autre navire, la suive pour éviter les accidents.

L’entreprise a récemment réalisé des essais concluants sur le lac de Vioreau en Loire-Atlantique, avec un prototype au 1/14, catamaran de 5,50 mètres équipé d’un rotor de 3 mètres de haut et de 40 centimètres de diamètre. Elle souhaite désormais construire un « démonstrateur » à taille réelle, dont le coût est estimé entre 15 et 18 millions d’euros…

De l’autre côté du globe, l’entreprise japonaise PowerX se lance, elle, dans la conception d’un trimaran autonome de 100 mètres de long, à propulsion électrique, qui servira à transporter à terre l’énergie produite par les parcs éoliens offshore. Grâce à ses cent batteries, il pourra stocker 200 MW et aura une autonomie de déplacement de 300 kilomètres.