© Collection Yves Gégaden

Ayant possédé deux Folkboat entre 2000 et 2009, je souhaite contribuer à l’article sur ce bateau (CM 328) en dressant un bilan de mes navigations, et pointant ses grandes qualités… mais aussi ses petits défauts. Globalement, le Folkboat est plutôt rustique, polyvalent et simple d’usage. Cette simplicité commence par son plan de voilure, qui permet, avec une grand-voile comme « moteur » et un petit foc comme « régulateur », de naviguer jusqu’à 30 nœuds de vent, grâce à des réglages fins des guindants et bordures. Un tangon réglable dans le sens longitudinal permettra d’optimiser le creux du foc depuis le cockpit. On est loin de la dizaine de voiles embarquées ou de la mode des années 1960-1970 imposant des génois léger, médium, lourd… dont la surface est le double de celle de la grand-voile. Par contre, cette garde-robe « de base » impose que les voiles soient parfaitement coupées et réglées.

Autre qualité du bateau : son cockpit profond et très protégé, qui peut être clos par une tente – option très scandinave ! – le couvrant du tableau jusqu’au pied de mât. Cependant, n’étant pas autovideur, le cockpit peut être submergé par une déferlante, une frayeur que j’ai connue lors d’une traversée Bréhat-Guernesey avec des claques à 35 nœuds à l’arrivée, des creux de 3 mètres et un surf sauvage à 12,7 nœuds ! C’est pour cette raison que des versions à cockpit autovideur ont été proposées, comme celle du chantier danois d’Erik Andreasen.

Quant à la vitesse du Folkboat, comparée dans l’article à celle du Requin ou du Dragon, il ne faut pas s’illusionner car, malgré une allure de voilier sportif, la table Osiris des handicaps de la Fédération française de voile lui attribue un modeste handicap de 6,5 contre 16 pour le Requin ! De plus, le bateau n’apprécie pas le petit temps clapoteux.

Ajoutons qu’il n’aime pas un moteur hors-bord trop lourd qui, placé à l’arrière avec sa nourrice, enfonce l’arrière et fait lever l’étrave. Un aviron de godille fait bien l’affaire.

En ce qui concerne l’intérieur, le Folkboat est très confortable même s’il manque quelques centimètres de hauteur sous  barrots pour être assis à l’aise. Deux astuces intéressantes : le grand panneau qui ferme la descente peut servir de table intérieure et s’installer dans le cockpit, et un siège réglable pour le barreur, avec une bosse au milieu, offre un certain confort.

Qu’on ne se méprenne pas sur le bilan que je tire de mes huit saisons de balade en couple depuis la baie de Morlaix vers les Anglo-Normandes et jusqu’à l’île d’Aix en passant par Ouessant et la Bretagne Sud : le Folkboat mérite largement l’estime que lui portent les pays de l’Europe du Nord, où il est l’égal du Corsaire et du Muscadet chez nous. Dommage qu’il n’ait jamais connu en France le succès qu’il méritait, surtout qu’avec sa quille longue, il aurait parfaitement échoué sur béquilles sur nos estrans !  

 

© Collection Yves Gégaden