La traîne en quelques lignes

Par Philippe Urvois – Durant l’été, la traîne permet aux amateurs de pêche de capturer maquereaux et bars à proximité de la côte. Les débutants auront tout intérêt à privilégier des montages simples pour s’initier à cette technique traditionnellement pratiquée par les petits canots.

 

 

 

 

La pêche du maquereau à la traîne est sans doute la plus populaire chez les plaisanciers. Certains la considèrent parfois comme une pêche de débutant parce qu’elle permet de capturer rapidement du poisson en mettant en œuvre une technique simple. Tant mieux ! Elle constitue une excellente introduction à la pêche et procure toujours de belles sensations à ceux qui la pratiquent. Les enfants adorent…

Cette activité démarre avec les beaux jours, lorsque le maquereau « arrive à la côte », et dure jusqu’à l’automne, quand il regagne des eaux plus profondes. On peut utiliser une ligne de traîne déjà gréée, achetée chez un marchand d’articles de pêche, ou la fabriquer soi-même en se procurant les différents éléments qui la composent.

Le montage le plus courant est le suivant. Sur une corde de Nylon tressée ou « tresse » de 2 mm de diamètre, longue d’environ 50 mètres-, est nouée une planchette profilée d’une vingtaine de centimètres, couramment appelée « planchette japonaise ». Le point d’amarrage de la tresse est situé à l’avant de la planchette. Sur un deuxième point d’ancrage, plus en arrière, est nouée l’extrémité d’un fil de Nylon transparent, d’un diamètre de 60 centièmes (1) et long d’une dizaine de mètres. L’extrémité libre de ce fil est reliée à l’engin de pêche proprement dit.

Appelé « mitraillette », il est composé de trois à sept hameçons (2) traditionnellement garnis de plumes blanches – généralement plus « pêchantes » que les rouges ou les jaunes – montés en série sur un fil en Nylon de 50 centièmes. Au bout de la mitraillette est nouée une cuillère ondulante de faible grammage (voir schéma). La ligne montée est enroulée sur un plioir qui peut être un cadre de bois en forme de H ou un simple carré de mousse.

Lorsqu’elle est mise à l’eau, la planchette agit comme un déflecteur et plonge sous l’effet de la vitesse du bateau, qui doit naviguer entre 2 et 3 nœuds. La mitraillette se retrouve rapidement à une trentaine de mètres du bateau, entre deux eaux. Quand un maquereau mord à l’hameçon, la traction qu’il exerce sur le fil modifie l’assiette de la planchette et celle-ci remonte en surface, signalant au pêcheur qu’il vient d’effectuer une prise.

La planchette peut également remonter si elle accroche des algues ou si la tension de la ligne se relâche, mais le système est plutôt efficace. Il ne nécessite pas de surveillance constante et c’est sans doute ce qui explique son succès : beaucoup de plaisanciers se contentent de naviguer et de capturer un poisson au passage.

Chercher le poisson

Pour pêcher plus efficacement, il convient de « chercher » la proie. Le début et la fin du jour sont les périodes les plus propices à la pêche, car elles correspondent aux moments ou le maquereau est le plus actif. Des remous à la surface de l’eau ou une concentration d’oiseaux peuvent indiquer qu’il chasse en surface. Il convient alors de pêcher à proximité du banc, mais en évitant de le traverser afin de ne pas le disperser (« casser la chasse »)… En journée, il est également possible de passer sur un banc stationnant entre deux eaux ou au ras du fond et de « piquer » un poisson. On effectue alors des passages successifs dans la zone où a eu lieu la première capture en espérant que le poisson morde à nouveau.

Dans ce cas de figure, on peut également se laisser dériver au-dessus du banc et pêcher « à la dandine ». Cette technique permet d’explorer plus aisément toutes les tranches d’eau et se pratique plutôt par beau temps et vent faible. La ligne est alors constituée d’une tresse puis de quelques mètres de fil de Nylon de 60 à 70 centièmes sur lequel est fixée une mitraillette et une cuillère de 30 à 40 gr, au minimum. Il suffit de la laisser couler puis de l’animer par des mouvements amples du bras jusqu’à sentir la première touche…

La mitraillette capture souvent plusieurs maquereaux à la fois et ils ont vite fait de s’y embrouiller. On peut toujours tenter de la démêler, mais il est plus rapide de la remplacer, en veillant à la monter dans le bon sens. Pour le savoir, il faut suspendre la mitraillette à la verticale et observer ses plumes : si elles s’écartent du Nylon central, l’extrémité du fil que l’on tient entre- ses doigts doit être raccordée à la ligne principale. Si elles se plaquent- contre le Nylon, l’extrémité de la mitraillette doit être raccordée à la cuillère…

Décrocher plusieurs poissons qui se débattent peut, d’autre part, se révéler compliqué. Afin de limiter le risque de se piquer avec un hameçon, le débutant peut aussi supprimer la mitraillette et se contenter de pêcher les poissons un par un, à la cuillère.

D’autres types de lignes de traîne sont privilégiés pour capturer le bar, qui se pêche à proximité des côtes à la même époque que le maquereau. Le montage le plus simple est constitué d’environ 80 mètres de tresse sur laquelle on peut enfiler une série de plombs-olives d’un poids total avoisinant 150 à 200 gr. Ces plombs sont espacés tous les mètres environ juste avant l’extrémité de la tresse, qui se termine par un gros émerillon. On noue ensuite sur ce dernier environ 10 mètres de fil de Nylon de 40 ou 50 centièmes et un leurre. Celui-ci est le plus souvent souple et imite le lançon, un petit poisson dont raffole le bar. Ce leurre peut être blanc, blanc-vert ou blanc-bleu, sa taille oscillant entre 10 et 16 cm. Certains pêcheurs emploient également des leurres rigides à bavette semi-flottants (type « Rappala »), comme François Piolet qui pratique cette pêche en baie de Douarnenez avec un Loctudy (CM 161).

Ce genre de montage convient bien à une pêche très côtière, par petits fonds. Le jeu consiste alors à explorer, à une vitesse comprise entre 2 et 4 nœuds, différents endroits fréquentés par le poisson qui aime les eaux bien oxygénées. Il affectionne notamment les abords de plages juste avant la zone de formation des vagues, les herbiers ou les zones de courant entre les roches. Autant que possible, le leurre doit nager à proximité du fond. Comme il peut parfois s’y accrocher, il ne faut jamais enrouler la ligne autour de sa main et se contenter de la tenir entre ses doigts.

Les pêcheurs plus avertis prospectent des zones plus profondes et optent pour des montages plus lourds et plus sophistiqués, pouvant comprendre plusieurs leurres montés en série (voir schéma). Ces derniers sont principalement des imitations de lançon. Pour pêcher le lieu, ils sont remplacés par des anguillons colorés (rouge, beige ou vert) de caoutchouc. Le maniement et le positionnement précis de ces lignes, assez proches de celles des professionnels, sont cependant plus délicats, surtout à bord d’un voilier contraint à des virements de bord.

 

(1) Plus le nombre de centièmes est important, plus le fil est gros et résistant. Un fil de 50 centièmes correspond à une résistance entre 6 et 7 kg.

(2) La taille des hameçons est définie par un nombre. Plus il est élevé, plus l’hameçon est petit. Ici, il s’agit d’un 2/0, déjà assez gros.

 

Lire aussi

Les plaisirs du Loctudy : Entre balade et pêche au bar, article publié dans le Chasse-Marée n°161 en juin 2003.

Par Gwendal Jaffry – Depuis plus de vingt ans, François Piolet sillonne la baie de Douarnenez sur son Loctudy. C’est à bord du « Yann Philippe » qu’il a appris la voile; c’est également avec lui qu’il a accumulé une riche expérience de la pêche du bar. Dès que le temps le permet, François quitte son mouillage, et s’en va traîner sa ligne dans la baie, avant de reprendre son corps-mort, le tout à la voile seule. A force d’admirer ses évolutions depuis les fenêtres de l’Abri du marin, nous n’avons pas résisté à l’envie de lui demander un embarquement. A la découverte des petits bonheurs vrais que procure la pratique quotidienne de la mer…

La palangre bigoudène

Par Philippe Urvois – Beaucoup de plaisanciers pêchent du maquereau à la traîne, mais rares sont ceux qui expérimentent d’autres modes de pêche. La palangre bigoudène peut pourtant être abordée très sereinement. La ligne n’étant jamais sous tension, on ne risque guère d’être accroché par les hameçons, d’ailleurs en nombre limité. Posé à partir d’une annexe ou d’un canot voile-aviron, cet engin permet de capturer surtout des dorades grises et royales.