Gros canot ponté, gréé en bourcet-malet, ventru de l’avant, l’étadier du Crotoy tient son nom de l’étade, le filet maillant qu’on utilise pour pêcher
le hareng dans la région. Ce bateau est caractéristique de la flottille de la baie de Somme, Le Crotoy et Cayeux, mais son gabarit le rapproche du berckois comme du flobart. Ses formes pleines et ses fonds plats lui permettent d’échouer facilement à marée basse.

Dessin etadier du Crotoy
Etadier du Crotoy © J. P. Guillou

Construite à franc-bord, en orme ou en chêne, sur membrures sciées et quille peu profonde, la coque de l’étadier est longue d’une dizaine de mètres, légèrement frégatée, le plus souvent pontée avec un pavois de 0,60 mètre. De l’avant à l’arrière, elle comprend un magasin, la cale à filets avec un surbau sur le pont, couverte par des planches, et un poste d’équipage à l’arrière. Sept à huit “cabanes”, superposées par deux, y offrent un abri aux matelots.

Le pont est dégagé : le mât de bourcet est presque sur l’avant, il peut être abattu en pêche. La voile au tiers est amurée sur l’étrave, et le mât de tapecul est emplanté à toucher le tableau arrière. Une longue queue-de-malet déborde l’arrière sur tribord, sans gêne pour le gouvernail fixé au tableau, mais certains étadiers n’ont pas de bout-dehors ni de voiles d’avant. L’overlope, en avant du tapecul, sous laquelle passe la longue barre franche, et un cabestan sur tribord du côté où l’on remonte le filet, complètent l’équipement du pont.

 

Barque etadier sortant du port
Etadier sortant du port. © coll. Chasse-Marée

Appartenant à la famille du patron, l’étadier est armé par 10 à 12 hommes, dont le principal métier est de pêcher le hareng, depuis les bassures du pas de Calais, à la Toussaint, jusqu’au banc de la Plata devant Le Havre, en janvier ou février. Longue d’environ 18 mètres et profonde de près de 7 mètres, l’étade, filet en fil ou en coton huilé ou cachouté, est reliée à une quarantaine d’autres filets, formant une longue tessure dérivante de près de 200 mètres.

En fin de harengaison, l’équipage se retrouve chez le patron pour le partage des gains. Devant une bistouille (café additionné d’alcool) ou une “bavaroise”, le patron compte les recettes, les dépenses, et le solde. Ensuite, on divise : une part pour le filet, deux parts pour le patron, une par matelot.