Au début du siècle, le lit de l’estuaire de la Loire est peu profond, son débit très variable, les inondations fréquentes. Le marnage est sensible jusqu’à Nantes et le fleuve est parfois agité d’un fort clapot. Les îles et bancs de sable rendent la navigation difficile, mais de nombreux étiers constituent des frayères de choix pour le poisson.

Dessin canot basse-indrais
Canot basse-indrais. © J. P. Guillou


Construits dans les petits chantiers locaux à partir des années 1860, les canots de basse Loire rythment la vie des ports et abris de l’estuaire, de Saint-Nazaire à Trentemoult. Ces canots creux, longs de 5,50 mètres et larges de 2 mètres, ont une coque en chêne, construite à franc-bord sur des membrures sciées (puis bouillies). L’étrave est verticale, le maître-bau avancé. Un frégatage important s’achève sur un tableau arrière en cœur. Le faible tirant d’eau facilite l’échouage sans béquille. Le tiers avant est ponté, un capot permet d’accéder à la cabane servant pour le couchage ou le rangement. Un mât pieu, tenu par deux haubans, repose sur la quille et porte une voile au tiers haute et étroite. En régate, la voilure s’étoffe d’un foc et d’un flèche hissé sur un léger mât de hune. Deux avirons permettent à l’équipage (le patron, et souvent un matelot) de manœuvrer en pêche.
u début du siècle, le lit de l’estuaire de la Loire est peu profond, son débit très variable, les inondations fréquentes. Le marnage est sensible jusqu’à Nantes et le fleuve est parfois agité d’un fort clapot. Les îles et bancs de sable rendent la navigation difficile, mais de nombreux étiers constituent des frayères de choix pour le poisson.

Photo régates au Croisic
Régates au Croisic, les basse-indrais portent leur hunier. © coll. Chasse-Marée

La Loire est riche en poissons blancs sédentaires ; la plie se pêche au carrelet ou à l’épervier de drague, et se conserve vivante dans des bottereaux, ou viviers de bois. Les anguilles se capturent à la bosselle en osier ou au peigne. L’été, le poisson se raréfie en Loire et les pêcheurs investissent Pornic, Le Pouliguen, Le Croisic pour y capturer des espèces marines. De l’automne au printemps, de nombreux poissons remontent la Loire (saumons, lamproies, aloses, couverts) : ils sont pêchés aux filets dérivants, “à la d’rive”. La civelle, l’aliment du pauvre, se prend dagot, de nuit au tamis.

Les canots basse-indrais ont employé le chalut à perche, les trubles à chevrettes (crevettes) et les dragues à moules à l’entrée de l’estuaire. Ils resteront longtemps l’embarcation favorite des pêcheurs de basse Loire, s’adaptant sans difficulté à la motorisation, et de nombreuses coques anciennes seront réarmées à la plaisance.