Thonnier dundée

Construction : 1934

Restauration : 2006

 

Longueur de coque : 21,10 m

Longueur à la flottaison : 16,30 m

Largeur hors bordé : 6,62 m

Tirant d’eau : 2,92 m

Creux : 3,28 m

Lest : 12 t

Déplacement : 63 t

 

La pêche au Germon – ou thon blanc prend son essor à partir de 1850 en Bretagne. Près d’un millier de bateaux dont une grande majorité de dundée pêchaient alors dans les eaux du Golfe de Gascogne.

Les dundées étaient construits pour aller vite, y compris une fois la pêche terminée, afin de ramener le poisson au port avant qu’il ne se gâte. Les formes de la coque ont été tendues dans ce but, tout en conservant des caractéristiques très marines, car les thoniers partaient loin au large pour des campagnes qui duraient souvent plus de dix jours. Ils étaient aussi très toilés. Leurs formes élégantes tiennent aussi au fait qu’ils n’étaient pas des bateaux de charge, forcément plus lourds : quand ils ramenaient 5 ou 6 tonnes de thon sur le pont.

Construit aux Sables-d’Olonne en 1934, le thonier-dundée Biche va durant une vingtaine d’années traquer le Germon. Quand, après guerre, le gouvernement offre des primes aux pêcheurs pour les inciter à construire des bateaux à moteur, la plupart des Groisillons abandonnent leur dundée au fond d’une ria de Bretagne Sud. Mais le patron du Biche, Ange Stéphant, dit « Ange Biche », vend le sien aux « frères de la côte » du Royal Belgium Sailing Club, en 1956. A partir de la fin des années 1970, un second propriétaire anglais, Charles Booth, fait ensuite lui aussi du charter avec Biche.

Devenu l’ultime représentant des thoniers dundées de la côte Atlantique, Biche est acquis en 1991 par le Port-Musée de Douarnenez, alors en train de constituer sa collection. Mais faute de moyens suffisants pour entreprendre une restauration, le Port-Musée décide en 2003 de déposer Biche dans le cimetière à bateaux de Port-Rhu.

Malgré de considérables difficultés administratives, l’association Les Amis du Biche, créée le 1er juin 2003 pour sauver le navire, sort Biche de la vasière.

Le thonier peut alors être remorqué jusqu’à Brest. Il y sera mis au sec et exposé sur le terre-plein du chantier du Guip, jusqu’à son convoyage à Lorient par l’Alcyon, en 2006. Là, un programme complet de restauration l’attend. Quand la coque est finalement posée sur le terre-plein en avril 2008, la nouvelle quille de chêne, réalisée à l’atelieBicher de Brest, attend le Biche. Le chantier peut démarrer.

Le parti pris de cette restauration, même si elle est presque complète a été de respecter au maximum le travail et le choix des anciens. L’équipe a commencé par ôter le galbord et le ribord pour mesurer la quille, les soixante-douze membrures, et voir comment elles s’articulaient sur la quille. A l’inverse de l’habitude actuelle, les anciens avaient encastré les membrures et fait reposer les varangues sur le dessus de la quille.

La restauration avancent au fur et à mesure des enquêtes de terrains menées par Les Amis du Biche. Pièce par pièce, de la quille au bordé, en passant par l’étrave, l’étambot et le voûte, le bateau refait peau neuve.

Depuis décembre 2011, charpentiers et bénévoles travaillent sous abri. La grande bâche blanche, arrachée une première fois par une tempête, s’arc-boute à présent sur de robustes arches. Ainsi protégé, le Biche a pu être ponté – en mélèze d’altitude?– et bordé. Son squelette habillé, les formes de la coque sont réapparues. Pures et galbées, généreuses et cambrées, précises et diablement marines : celles qui firent l’efficacité et la réputation de ce chasseur du large, taillé pour la course au thon blanc, si véloce.

Une fois le pontage réalisé, l’équipe s’est employée à fixer les pièces d’accastillage. Le plan de voilure quant à lui a ainsi fait l’objet de longs mois d’aller et retour entre l’architecte naval, les bénévoles et Victor Tonnerre, dernier maître voilier à avoir dessiné et confectionné des voiles de dundées thoniers.

Après trente mois de travaux, le 22 juin 2012, Biche retrouve son élément, l’océan.

Ayant repris le large, il navigue depuis, du printemps à la fin de l’automne, entraînant ses équipiers, lors de croisières spécifiques à la poursuite du germon.