Trois jours en voile-aviron dans les îles du Ponant  

par Patrick Menneteau

C’est en préparant une seconde édition du « Golfe Tour » qu’est venue l’idée de partir du fond du golfe du Morbihan pour passer une nuit sur Houat, et pourquoi pas une deuxième à Hoëdic. Trois jours de navigation sur la grande bleue, avec découverte des îles visitées.

Bien qu’au départ discutée entre seulement Amzer zo et L’Alose, cette idée de virée a vite fait son chemin dans la tête de nos amis. Et voilà que Thierry avec son Ilur embarque son copain Jean Michel dans l’aventure, puis Vincent et Serge qui s’invitent comme équipiers. Mais comme le réseau des amis du Challenge Naviguer léger n’est jamais bien loin, c’est ensuite Jean-Lou et son Seil qui ne veut pas rester à terre, qui déboulent de Brest pour être de la partie. Enfin, Roger Barnes, me fait l’honneur de se joindre depuis l’Angleterre, avec son Ilur Avel Dro.

Nous voici donc neuf marins sur cinq bateaux pour une virée dans les îles qui pour certains est une première.

La mise à l’eau se fait à la cale de Saint-Armel le vendredi matin de bonne heure, remorques et voitures trouvant leur parking sur un terrain privé.

Vent arrière vers la sortie du Golfe, la brise se fait attendre, mais le courant, lui, nous aide bien. Heureusement car nous devons être sortis avant la renverse pour bénéficier en plus du jusant vers les îles.

Au niveau de Méaban, un petit vent d’Ouest nous accueille, accompagné d’un beau soleil. Trois heures après notre appareillage, nous atteignons Houat, notre première escale.

Après avoir envisagé plusieurs options, mais décidés à ne pas mouiller dans les havres très fréquentés, notre choix se porte vers la grande plage Sud de Houat, près du vieux port de Er Beg, à côté de la petite école de voile. A cet endroit, une petite anse est protégée des vent d’Ouest par les rochers et une cale.

Nous optons donc pour un échouage. La marée en fin de montante nous laisse tout le temps pour bien ancrer nos canot et préparer nos couchages afin que tout soit bien prêt quand nous reviendrons ce soir.

 

Samedi matin, départ de Houat à pleine mer, cap sur Hoëdic. Le soleil est d’enfer et la petite brise d’Ouest. Aujourd’hui encore, nous pourrons nous poser de nouveau sur le sable en haut de la plage, celle située à droite du port de l’Argol, afin de pouvoir descendre à terre à pieds secs. Surtout, en ayant ainsi bien choisi nos horaires de marée, nous sommes certains de pouvoir rejoindre nos bords à 22H sans être obligé de faire un 50 m nage !

 

 

Les bateaux bien ancrés et les couchages fin prêts, nous partons à pieds pour découvrir la beauté insolente de cette île, avant un arrêt obligatoire au café de ce petit village magnifique. Une bière et un repas plus loin, un petit Rhum arrangé sort de la cale du Seiltic de Jean-Lou… La nuit étoilée est d’un calme absolu, seul quelques ronflements en provenance d’un Ilur venant animer notre havre… !

 

 

Dimanche signe le jour du grand retour. 25 milles séparent Hoëdic de Saint-Armel, croisière d’une traite contre un courant d’un demi nœud avec comme obligation d’arriver à l’entrée du golfe au début du flot… si on veut rentrer.

Nous prévoyons large en partant assez tôt, quitte à faire une halte devant Port-Navalo pour être prêt pour la rentrée dans le Golfe.

 

 

Pour la traversée, le vent est bien orienté, de Force 2, voire 3, avec un beau soleil, idéal pour le repas du midi qui se fera évidemment en mer, en panne, voile haute, les cinq bateaux regroupés au large des Méaban. Et, luxe suprême, nous enchainerons par une petite sieste devant la plage de Port-Blanc, dans le sud de la Pointe de Port-Navalo. Sieste bienvenue avant la rentrée dans le golfe et son fameux tapis roulant de plus de 6 nœuds !

 

Jean-Paul, un peu indécis au départ mais au final emballé, nous raconte sa rentrée dans le golfe :  » Une petite brise de Sud-Ouest est venue à point nommé nous aider à rentrer après une pose devant Port Navalo pour attendre la renverse. Enfin, quand on dit  » attendre la renverse « , on se trompe car nos amis les plus expérimentés (Patrick et Jean-Lou) nous ont proposé de pointer nos étraves quasi deux heures avant la vraie renverse, lorsqu’un coefficient de 80 nous prédisait un sacré courant…. Et ce fut une bonne demi-heure de magie !

 » Alors que le courant dans les passes ronflait encore et que cela bouillonnait de toutes parts, nous voilà à nous faufiler dans la veine de contre-courant qui, à certains endroits, devait faire 25 mètres de large au maximum, donc pas d’écart possible.

 » Le top fut sans doute le passage de la pointe du Mouton où nous sommes passés au ras du Faucheur… Brrrr !

Puis à longer au plus près la côte, parfois à 5 ou 6 mètres des roches, en restant toujours dans la veine du courant plus faible jusqu’à passer la pointe de Kerners, le tout sans moteur ni aviron, avec un œil sur les gros bateaux bloqués dans le flux et que nous laissons derrière nous… avec une certaine jouissance ! Lorsque Pierre et Katia, sur leur Pirmil, nous ont retrouvé devant la pointe de Kerners, ils ont dû nous trouver très exaltés ! Et il est vrai que nous l’étions car, même si nous commençons à bien connaître le golfe et ses secrets, jamais nous n’aurions imaginé vivre une telle expérience. « 

Puis nous avons retrouvé la cale de Saint-Armel et nos voitures…


 
Trace GPS DE L’Alose de Jean Paul

Il est évident que ce genre de virée au large est bien plus sympathique à plusieurs bateaux, d’abord parce que cela permet de se retrouver entre amis, ce qui est toujours un plaisir, mais aussi parce que cela procure une sécurité supplémentaire, essentielle en cas d’avarie sur d’aussi longs parcours. Plusieurs d’entre nous n’auraient sans doute pas tenté cette traversée sur trois jours s’ils avaient été seuls en mer. Le fait de naviguer en petit groupe permet donc de découvrir des lieux magiques qui resteraient inaccessibles sans être un marin vraiment très aguerri.