Le 18 décembre dernier, les Chantiers de l’Amirauté à Saint-Pétersbourg ont lancé la coque longue de 83,10 mètres pour 22,50 mètres de large de la future station polaire russe, Severny Polyus, « pôle Nord ». Classé Arc8 selon la certification glace russe, ce bateau pourra naviguer dans des glaces allant jusqu’à 5,60 mètres d’épaisseur. La station a été conçue pour pouvoir dériver ou rester prisonnière des glaces avec une autonomie de deux ans, sans l’aide d’un brise-glace, avec un équipage de quatorze marins. La motorisation de Severny Polyus, qui développe 4 500 kilowatts, lui permettra d’avancer à une vitesse de 10 nœuds. L’avitaillement ainsi que les relèves d’équipage pourront se faire par hélicoptère.

Commandée par le service fédéral russe de suivi météorologique et environnemental Roshydromet, Severny Polyus est destinée à la recherche scientifique : la station sera notamment dotée de quinze laboratoires où une trentaine de chercheurs pourront travailler toute l’année. Un support de choix pour la recherche et pour l’affirmation d’une présence continue et légitime russe en Arctique, zone stratégique s’il en fut pour le pays.

Le nom de la station rappelle la toute première expédition polaire soviétique, en 1937. Depuis, l’Union soviétique et la Russie ont envoyé quarante expéditions sur la banquise. Ces dernières années, une douzaine de scientifiques, installés dans des camps sur la glace flottante, s’y rendaient systématiquement durant les mois de septembre à octobre, mais la fonte des glaces a depuis rendu difficile l’aménagement d’un camp sur une banquise suffisamment solide, d’où la nécessité d’une véritable station flottante autonome. Les Chantiers de l’Amirauté travaillent à présent aux emménagements, aux instruments de navigation, à l’électronique : la station devrait être opérationnelle d’ici à 2022.