Alors que je vivais dans l’Est de la France, j’avais déjà passé mon permis fluvial et acheté une péniche pour ne pas avoir à vivre dans une maison. Je veux pouvoir bouger dès que l’envie m’en prend. »

Quand, il y a deux ans, cet archéologue de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) quitte Saint-Dizier (Haute-Marne) pour la Guadeloupe, il imagine donc très vite d’acquérir un bateau, mais en bois, car il ne saurait envisager un autre matériau. « Les coques en plastique s’apparentent pour moi à des camping-cars flottants. Ma volonté de liberté, d’indépendance et d’autonomie va de pair avec le bois, l’absence de moteur, le minimum de besoin en électricité, tout cela afin de dépendre le moins possible des aléas de la mécanique, des réparations compliquées
qui nécessitent le recours à un tiers, etc. »

En même temps qu’il prend des cours de voile, Pierre se met en quête du chantier en mesure de mettre sur cale son projet. « J’ai dressé une liste depuis les charpentiers malgaches qui construisent des goélettes, les Indiens qui fabriquent des boutres, les Haïtiens… Mais discuter bateau en malgache est au-dessus de mes compétences et payer un billet d’avion pour l’Asie afin de vérifier l’avancement des travaux est au-dessus de mes moyens financiers… »

Pierre demande donc plusieurs devis pour la conception et la construction d’un bateau en bois d’une dizaine de mètres capable d’affronter la mer et à bord duquel il puisse vivre à l’année. « Je m’étais bien entendu fixé un budget, ma liberté passant par l’absence de recours aux banques. » Et c’est finalement avec un – presque – voisin qu’il va s’entendre : Alain Foy, le spécialiste des saintoises. Début 2015, les deux hommes se rencontrent dans le chantier d’Alain, aux Saintes. « Il a commencé par refuser, se souvient Pierre, mon budget lui semblant trop juste. Mais quand je lui ai dit que le mât pouvait être un simple tronc d’arbre, le haubanage en textile, etc., il a accepté avec enthousiasme. »

Le bateau de Pierre, dont la construction a débuté en septembre dernier, aura une coque en acajou rouge et blanc faisant appel à la technique du bois moderne, des cloisons en contre-plaqué, un intérieur en cèdre, un mât en poirier-pays, des taquets en courbaril, de l’accastillage en rotin…

La mise à l’eau de cette unité de 9 m de long pour 3 m de large et 1,30 m de tirant d’eau, dont le gréement de sloup bermudien rappellera celui des saintoises, est prévue pour septembre prochain.

Crédit iconographique : coll Pierre Bertholet