En avril dernier, trois chantiers étaient en cours au chantier Marlo à Saint-Jean-de-Boiseau, en Loire-Atlantique. Sous le hangar, le Riva Super Florida Sea Devil faisait réparer ses fonds. À l’extérieur, Laurent Ménard, patron du chantier, terminait de remplacer la levée ainsi que les bordages de côté de La Confluence, une toue cabanée construite en 2009 chez Max Pannier. Mais c’est un joli yacht anglais qui nécessitait désormais toute l’attention des charpentiers, Cyrilla, neuvième exemplaire de la série des West Solent, construit en 1926 chez Berthon, à Lymington. « Outre le calfatage, la réfection d’une membrure et d’une varangue ainsi qu’un peu de cosmétique, le gros du travail consiste essentiellement à délester le navire, car on soupçonne une voie d’eau, explique Laurent. En levant le bateau, on a constaté que la quille prenait de la flèche au niveau du marsouin… » Il faudra au final remplacer l’ensemble du boulonnage en bronze de la structure axiale par des pièces en Inox.

« C’est un bateau que j’ai acheté en 1995, raconte Grégoire Destremau. Le bateau appartenait alors à un officier de marine marchande qui l’avait ramené de Méditerranée à Valence. Les West Solent ayant été construits à l’économie, le bateau était en piteux état… » La série a été conçue en 1924 par H. Jacobs et H. G. May du chantier Berthon, la coque mesurant 10,51 m de long pour 2,28 m de large, 1,58 m de tirant d’eau, 4,4 tonnes de déplacement et 49,2m2 de surface de voilure. Cinq unités sont aussitôt commandées par des membres du Royal Lymington Yacht Club, le monotype de course-croisière prenant rapidement le nom de West Solent, avec un W dans sa grand-voile. Les années suivantes, trente-deux autres bateaux seront construits par Berthon, dont cinq pour le Yacht Club Argentino. Une seule unité, Valiant, sera lancée par un autre chantier, à Bombay, en 1934, avant la mise sur cale de Winnie Marie, trente-neuvième West Solent, lancé en 2010 par Peter Nash à Dartmouth. Très vivace jusqu’aux années 1950, la série connaîtra un regain d’intérêt dans les années 1970, jusqu’à la création d’une association de classe en 1993.

« Cyrilla a été restauré aux Sables-d’Olonne en 1999, l’objectif étant alors de le remettre au plus près de son état de neuvage, précise Grégoire. Depuis, le bateau est basé à Jard-sur-Mer, en Vendée, d’où il navigue en croisière. Mais les entrées d’eau de plus en plus importantes, ces dernières saisons, nous ont donc amené à confier le navire au chantier Marlo. » La mise à l’eau est prévue pour début mai au Pellerin (Loire-Atlantique). Dès la fin de l’été, Cyrilla sera confié à l’association Les Marguerites, de Port-Louis, qui l’entretiendra et le fera naviguer.