Le 28 juin, les stagiaires des Ateliers de l’Enfer – la promotion 2017 comptait vingt-deux charpentiers (dont sept femmes), neuf voiliers et autant de selliers – ont terminé leur année de formation en procédant au lancement des deux bateaux qu’ils ont construits, un maquereautier de Saint-Malo et… un sampan.

Baptisé Mac Law, le maquereautier est inspiré des bateaux qu’utilisaient les pêcheurs en fin de carrière, dans les années vingt, pour pratiquer la petite pêche au large de la Cité Corsaire. Gréé en cotre avec 45 m2 de surface de voilure, Mac Law, semi-ponté, présente une étrave quasiment droite et un arrière à voûte s’achevant par un tableau légèrement incliné. Ce voilier pur de 6,84 m de long pour 2,40 m de large, 1,20 m de tirant d’eau et 2,8 t de déplacement (dont 800 kg de lest), possède une charpente et des œuvres-vives en chêne, les hauts étant en mélèze. Mac Law, désormais propriété de Benoît, Guillaume, Guénolé et Bérangère Ploux, dont le cotre Saint-Mathieu avait été détruit en 2016 lors d’un coup de vent, sera basé à Douarnenez.

Si la construction du maquereautier a été « facile », celle du sampan s’est révélée nettement plus compliquée « car elle faisait appel à des techniques rarement utilisées », précise Thomas Robin, l’un des deux formateurs en charpente avec Alain Bouguennec.
Les plans de ce bateau ont été conçus par le maître voilier des Ateliers de l’Enfer, Louis Michel Le Doze, qui s’est notamment inspiré des sampans de la région de Shanghai. « L’idée, explique ce dernier, était de montrer que l’on peut construire un voilier de plaisance de haute mer, économique et maniable, avec des matériaux renouvelables et si possible originaires de Bretagne. » Cette coque à multiples bouchains vifs – chaque virure constitue comme une facette – est pourvue d’une marotte et d’un tableau prolongé par deux bossoirs.
Le sampan mesure 6,95 m de long pour 2,50 m de large, 0,45/1,20 m de tirant d’eau – sa dérive sabre offre la particularité
d’être très avancée– et déplace 2 t en charge.
La rigidité structurelle est assurée par un ensemble de cloisons.
Les bordages, francs, sont cloués sur chant avec des pointes Inox.
La sole, la marotte, le tableau, et le barrotage sont réalisés en chêne. Le bordé, le pont, le rouf et les mâts sont en cyprès de Lambert originaire de la presqu’île de Crozon. Le gréement, enfin, est composé de deux voiles de coton ralinguées en chanvre de manille et lattées de bambou totalisant une surface de 25 m2. Passionné par la Chine, Louis Michel Le Doze devrait profiter de ce bateau à l’occasion de sa proche retraite.