À 27 ans, Fabien Hemeury semble ne pas avoir une minute à perdre : il a posé les fondations de son chantier à la fin de 2017 et il a déjà six salariés qui travaillent à ses côtés. Après des études de charpenterie à Plouhinec, puis Cherbourg, ce jeune natif de Paimpol a travaillé au chantier d’Hervé Pacalet à Saint-Quay, entreprise dont il a racheté une partie des machines et du stock de bois.

Fabien ne fait pas dans les petits modèles. Le chalutier en bois qu’il est en train de construire,à bouchain vif, à bulbe, très large à l’arrière avec des entrées d’eau très fines, mesure 11,98 m de long sur 6,20 m de large, avec 2,05 m de tirant d’eau à l’avant et 3,15 m à l’arrière. Forcément, ça prend un peu de   place, et la construction se fait hors du hangar, sur le terre-plein, où la bête ne passe pas inaperçue. « Le dernier bateau de pêche de mon père a fait naufrage et je lui ai proposé de lui en construire un neuf. C’est une adaptation des formes polyester au bois. J’ai réalisé une demi-coque et on a travaillé à partir d’elle au bureau d’architecture et d’étude navale de Pont-l’Abbé, Coprexma, qui a réalisé les plans en DAO. Il y avait un peu trop de volume sur l’avant, on l’a corrigé ensemble après des heures de discussion. »

Fabien Hemeury avait déjà le bois – il s’approvisionne en Mayenne, chez Bois idéal – avant de commencer la charpente axiale en chêne, et le futur chalutier est construit très solide. « Il devra passer environ 280 jours par an en mer, donc j’ai suréchantillonné. Et je ne cherche pas à aller vite. Ce que je veux, c’est que tout soit parfait, notamment ce qui ne se voit pas. » Le chalutier devra être polyvalent, pour pratiquer les arts dormants et traînants. La pression est-elle aussi, peut-être, un peu plus forte quand on travaille pour son père ? « C’est plus dur que pour un autre client… On en parle tout le temps, week-end compris ! »

Alors que celui-ci n’est pas encore à l’eau – son lancement est prévu au début de 2019 –, Fabien a déjà le bois pour la quille du prochain ! Il a en effet reçu une autre commande pour un pêcheur du Croisic qui a vu les plans du premier chalutier sur sa page Facebook. Comme quoi, on peut construire à partir d’une demi-coque, comme les anciens, et trouver des clients par Internet. • Nathalie Couilloud