À soixante-dix-neuf ans, Robin Knox-Johnston vient d’achever lui-même un chantier de restauration de trois ans sur son Suhaili (CM 288), construit en 1964 sur des plans de William Atkin, dans un chantier naval de Bombay (Mumbai). Plus de cinquante ans après son lancement, le teck indien de la coque était pratiquement intact, contrairement aux vis qui ont toutes dû être remplacées. Knox-Johnston avait immédiatement apprécié la robustesse et la tenue à la mer de Suhaili, malgré sa petite taille, et il l’avait convoyé de l’Inde à l’Angleterre avec deux compagnons.

Knox-Johnston, alors officier de marine marchande, résout de relever le défi du Golden Globe Challenge en 1968, mais il ne dispose que de très peu de moyens. Le projet de voilier en acier de 16 mètres préparé pour lui par l’architecte Colin Mudie est trop coûteux, et il choisit finalement de participer à la course avec Suhaili.

Les images de son arrivée triomphale, le 22 avril 1969, après trois cent treize jours de navigation, soulignent la petite taille de son voilier, dont la coque est marquée par son long séjour en mer.

Suhaili, après avoir été longtemps exposé dans les locaux du National Maritime Museum de Greenwich
– un séjour à sec préjudiciable à sa structure –, a recommencé à participer à des régates. Soucieux de protéger l’avenir de son voilier, Knox-Johnston a souhaité qu’il soit inscrit au registre national des navires historiques (NRHV). Or, pour en faire partie, un bateau doit faire au moins 33 pieds de long… et Suhaili ne mesure que 32,5 pieds ! « Dans notre pays, nous sommes étouffés par la bureaucratie pour tout ce qui concerne la culture maritime », déclare Sir Robin Knox-Johnston dans The Times, alors que la Grande-Bretagne est souvent citée en exemple dans ce domaine… Si aucun compromis n’est trouvé, Knox-Johnston a annoncé qu’il ferait don de Suhaili au Mystic Seaport Museum, aux États-Unis. Giovanni Panella