Jacques Nouy a embarqué pour la première fois à quatorze ans, en 1956, sur le langoustier de son père, « Avel Dro », qui pêchait sur les côtes africaines. Ce récit inédit fait partie des huit cents pages de souvenirs que Jacques Nouy a confiées, en même temps que ses photographies, ses registres, et sa documentation, au Port-Musée de Douarnenez.

« Le départ pour “La Mauritanie” se fait en fin de matinée, très animé : embarquement des derniers vivres, douze poules, douze lapins, deux ou trois cochons, tous bien vivants, sans oublier le chien, Pitous, qu’il faut embarquer de force. Pendant ce temps, le mousse prépare le repas du midi – repas qui n’aura pas beaucoup de succès. En général, au menu ce jour-là : du poisson frit. Le pavillon français est établi sur sa drisse. Tout est largué… C’est le départ. […]

« Escale à Las Palmas, impérative dans la gestion de la campagne. On refait le complément des soutes, ce qui redonne au bateau une autonomie de 30 jours à pleine vitesse (7,5 nœuds). Embarquement de vivres frais et aussi d’alcool. Départ de la Grande Canarie, cap au Sud, dans deux jours et demi nous serons sur les côtes africaines. La côte d’atterrissage est la zone du lieu de pêche appelé “Le Théâtre”. L’appellation de cette côte est due au fait que la découpe de la falaise ressemblerait quelque peu au fronton du théâtre de Quimper.

« Lentement, le langoustier approche de la côte et, à une distance de 1 à 2 milles, voire plus, mouille son ancre. Ce sont les deux annexes qui serviront pour poser et relever les filets qui seront calés à la côte, à une distance de quelques jets de pierres. Elles pèsent environ 2,5 tonnes pour une longueur de 6,86 mètres et une largeur de 2,40 mètres. De grosses caliornes fixées sur les mâtures avant et arrière servent à soulever le canot, d’autres palans plus petits débordent l’embarcation vers l’extérieur du langoustier. On profite d’un mouvement synchronisé de roulis du langoustier pour basculer l’embarcation à l’extérieur du pavois. […]

A lire

Cet extrait fait parti d’un article consacré à la saga langoustière, publié dans le Chasse-Marée n°324 en décembre 2021. 

Construit par les bénévoles d’une association de Douarnenez, Skellig a été lancé en 2011. Le grand sloup à tapecul est inspiré des langoustiers construits à Camaret dans les années 1920. Un âge d’or richement documenté, un demi-siècle plus tard, par les travaux du groupe Ar Vag… Un temps où la pêche à la langouste rouge fait la fortune et la renommée de pêcheurs toujours prêts à s’aventurer plus loin, pour trouver des fonds que personne n’a encore exploités…