Le catamaran Corneel 26, acheté par les membres de la jeune association Skravik (« sterne » en breton), reçoit les dernières finitions pour sa transformation en bateau de travail au chantier Kaïros de Concarneau. Ce sont quatre marins qui portent ce projet : Ronan, patron pêcheur, Tangi, biologiste marin, Robin, officier de marine marchande, et Charles, ingénieur énergéticien. « Les modifications, pour lesquelles nous avons consulté le cabinet d’architecture naval Mer Forte, basé à La Forêt-Fouesnant, nous permettront de mener trois activités à bord de notre voilier, précise Ronan, à savoir la pêche, les missions scientifiques et le transport de petit fret en rade de Brest. » Les flotteurs ont notamment été aménagés pour accueillir un vivier, tandis que des compartiments étanches recevront le matériel de mesures scientifiques et les apparaux de pêche.

En juillet et en août, les membres de Skravik ont déjà organisé, en partenariat avec l’Office français de la biodiversité, des sorties scientifiques dédiées à l’observation et à la photographie des oiseaux de l’île d’Ouessant, à bord d’un autre catamaran qu’ils ont loué et qui pouvait accueillir douze passagers. « Ça, c’est la partie scientifique, reprend Ronan. Pour la pêche, après avoir étudié les techniques dans les Ar Vag, au filet, au casier, à la palangre, nous allons, dès que le catamaran sera mis à l’eau, les tester pour voir leurs applications à la fois sur un plan économique, et sur les questions des conditions de travail à bord, avec l’association La Touline. Nous ne pourrons pas encore commercialiser nos poissons, notre catamaran n’entrant pas dans le système de quotas de l’UE, qui définit l’effort de pêche, notamment en fonction de la puissance du moteur : notre capacité de pêche est en effet plus importante que ce que permettra notre machine, prévue seulement pour les manœuvres de port. »

Intéressé par cette démarche, le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) finance le projet, soucieux de combler le vide juridique du système d’attribution de quotas – dont la question se posera entre autres avec l’arrivée des moteurs électriques. « Pour le fret, nous avons quelques pistes, mais rien de concret pour l’instant. Nous y travaillons, l’idée étant d’avancer par étape en étudiant les possibilités et la viabilité du projet», conclut Ronan.

L’association a mis en place un financement participatif sur la plateforme Kengo (<kengo.bzh>).